L'arbre aux haricots · Barbara Kingsolver
jeudi, juin 11, 2015
Pour le troisième
arrêt de mon voyage littéraire en territoire américain, halte en Arizona.
La vallée de Tucson se trouvait étalée devant nous, nichée
dans son berceau de montagnes. La plaine déserte qui nous séparait de la ville
s'offrait à nous comme une main à une diseuse de bonne aventure, avec ses
buttes et ses mamelons, les lignes de vie et de coeur des lits secs de ses
cours d'eau.
Ce qui continuait de m'étonner dans le désert, c'est qu'il
puisse abriter tant de vie. Paysanne que j'étais, je m'attendais, en débarquant
dans l'Arizona, à me trouver devant une mer de dunes sans fin. Ce que j'avais
appris du désert, je le tenais des vieux westerns et des dessins animés
Quickdraw McGraw. Mais ce désert-ci était tout autre. On y trouvait des
buissons, des arbres, des herbes, exactement comme ailleurs, sauf que les
couleurs n'étaient pas les mêmes et que tout ce qui vivait avait des épines.
Kentucky, années 1980. Taylor vient de terminer ses études. Elle n'a qu'une idée en tête: quitter son patelin natal «où les filles commencent à faire des bébés avant d'apprendre leurs tables de multiplication». Hors de question qu'elle se retrouve enchaînée à ce bled avec mari et enfants. Elle s'achète une vieille Volkswagen Beetle 1955, dit au revoir à sa mère et prend la route vers l'Ouest. Elle roulera jusqu'à ce que sa bagnole rende l'âme.
Elle n'avait pas prévu que sa transmission défaillante l'obligerait à
faire une halte dans l'Oklahoma, ni que cette réparation grugerait une grosse
partie de ses économies. Elle avait encore moins prévu qu'à la sortie du bar où elle s'est arrêtée prendre un
café, une indienne Cherokee lui déposerait dans les bras une gamine de trois ans.
Ne pouvant se résoudre à abandonner l'enfant à son sort,
elle l'emmène avec elle.
C'est à Tucson, en Arizona, qu'ils échouent. Taylor se lit rapidement d'amitié avec Mattie,
la propriétaire du garage Seigneur Jésus,
Pneus d'occasion, qui aide des sans-papiers guatémaltèques à passer la frontière. Elle devient la colocataire de Lou Ann et de son bébé. Cette jeune mère névrosée, laissée par son mari, voit
le danger partout où son regard se pose.
Pour Lou Ann, vivre c'était risquer sa vie à chaque instant. Rien sur
cette terre n'était totalement inoffensif. [...] elle conservait les coupures de
journaux qui relataient les catastrophes les plus invraisemblables qu'on puisse
imaginer. Des convives paisiblement attablés dans un restaurant, décapités par
un ventilateur tombé du plafond. Des bébés propulsés tête la première dans une
glacière remplie de canettes de bière et noyés dans la glace fondue pendant que
la famille jouait au frisbee. Une femme, mère de sept enfants, sortant d'une
quincaillerie, frappée en plein coeur par un pistolet clouteur à air comprimé
manipulé par erreur depuis un chantier de l'autre côté de la rue. Selon le
raisonnement de Lou Ann, cela prouvait que non seulement les glacières et les
chantiers étaient dangereux, mais également les quincailleries et les frisbees.
Grâce à sa fille adoptive et à ses nouveaux amis, Taylor trouve une
nouvelle famille. L'amitié qu'elle développe avec Estevan et Esperanza, des clandestins guatémaltèques,
et le dénouement de leur histoire commune permet à Barbara Kingsolver d'aborder
certains de ses thèmes de prédilection: la politique d'immigration des
États-Unis ou le sort réservé aux populations autochtones Cherokee. Chez
elle, les femmes ont du caractère. Libres, indépendantes, elles ne s'en
laissent pas imposer. Malgré leurs blessures,
malgré les difficultés du quotidien, l'espoir et l'amour dominent, faisant ressortir le meilleur des
êtres.
Ce premier roman Barbara
Kingsolver est plein de bons
sentiments (un peu trop à mon goût), habité par des personnages attachants. Un hymne à l'amitié et à la solidarité, à la fois drôle et profond.
Comme la vie… À savourer pour contrer la morosité.
L'arbre aux haricots, Barbara
Kingsolver, Rivages poche, 320 pages, 2014 (1985 pour la version originale: The Bean
Trees).
★★★★★
Barbara Kingsolver en remet une
couche avec Les cochons au paradis, la
suite de L'arbre aux haricots. Trois ans plus tard, alors que Taylor et Turtle pensaient leur bonheur inébranlable, une représentante de la communauté Cherokee
réclame des droits sur l'enfant.
J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge 50 États 50 romans, État du Kentucky.
J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge 50 États 50 romans, État du Kentucky.
12 commentaires
Oh ben tu lis vite dis-donc ! Et hop ton challenge va être rapidement terminé ! Je me souviens qu'en voyant le titre j'avais recherché des infos sur ce titre et j'étais presque tentée et puis non ...
RépondreSupprimerDisons que ça peut être une lecture sympa (j'aime bcp le peuple Cherokee) mais quand j'aurais envie et que je le croiserai à la bibli ?
Je lis vite? Tu peux bien parler!
SupprimerJ'aime aussi beaucoup le peuple Cherokee, mais c'est si peu abordé ici qu'aussi bien dire qu'il n'en est pas question.
Il paraît que c'est beaucoup plus traité dans la «suite»: Les cochons au paradis.
Attends d'en avoir vraiment envie avant de t'y plonger...
Il fait partie de mes projets de lecture dans le cadre de mon road trip made in America. Tant pis pour les trop bons sentiments, je pense que ce sera une parfaite lecture de vacances.
RépondreSupprimerOh! pour une lecture de vacances, c'est tout indiqué.
SupprimerUne belle histoire à lire au grand air.
Oh j'ai beaucoup aimé ces deux lectures (mais mon préféré demeure un jardin dans les appalaches, qui n'est pas un roman)
RépondreSupprimerJe vais aller voir du côté du jardin dans les appalaches. Ça m'intrigue.
SupprimerEt puis il faut dire que la dame a une fort jolie plume.
Je n'ai lu que ''Les yeux dans les arbres'' de cette auteure et malgré que je n'ai pas détesté, je n'ai pas eu envie de renouer l'expérience. De plus, je trouve peu crédible qu'une cherokee donne son enfant à une blanche !!!
Le pitch de Les yeux dans les arbres ne m'a pas attiré plus qu'il ne faut.
SupprimerQu'une Cherokee donne son enfant à une blanche... Mouais... J'avoue que c'est dur à avaler. On comprend mieux, paraît-il, dans Les cochons au paradis (que je n'ai pas lu).
J'ai adoré les deux mais surtout le premier. Pour cette région as-tu pensé aux romans de Tony Hillerman qui se passent dans la région des four corners ?
RépondreSupprimerLe papou
Non, je n'ai pas pensé à Tony Hillerman. Un titre en particulier?
SupprimerMerci du conseil. J'apprécie!
deux livres avec lesquel j'ai decouvert cette auteure! j'aime beaucoup les nouvelles couverture des reeditions !! Si tu n'as pas lu : un été prodique, je te le conseil tres tres fortement !
RépondreSupprimerMoi aussi, j'aime beaucoup les nouvelles couverture. Plus actuelles, fraiches et lumineuses.
SupprimerEt merci, Chinouk, pour la suggestion.