Western Girl · Anne Percin
dimanche, août 09, 2015
Parce que mes lectures pour ados
traînaient de la patte, j'ai glissé dans mon sac de voyage, entre deux poids
lourds, un roman d'Anne Percin, mon premier. Je l'ai enfilé vite fait devant un
feu de camp, la bouche tartinée de guimauves carbonisées.
C'est la singularité du personnage qui
m'a d'abord attirée. Élise Bonnel, une jeune Rennaise rousse de seize ans,
détonne. Elle aime Johnny Cash, Patsy Cline, Ricky Nelson, la danse
en ligne, l'équitation. Aussi bien dire que dans le paysage adolescent,
Élise fait cavalier seul.
Je suis quelqu'un de très ordinaire,
j'en conviens, si l'on excepte mon goût prononcé pour la musique traditionnelle
américaine. Comment j'en suis arrivée là! Ça, je n'en sais rien! J'ai
l'impression que ça a toujours été en moi. Je dois avoir un gène avec un
chapeau de cow-boy. Mes parents, ça n'est pas du tout leur truc, les westerns,
les USA et tout ça. D'abord, mon père, il faut savoir que c’est un geek intégral:
il écoute de l'électro et passe sa vie le nez dans un ordi. Ma mère s'habille
comme si elle revenait de l'Inde, n'écoute que de la musique celte et du
reggae. Ils ne se ressemblent pas, ils se sont assemblés quand même et là, une
erreur fatale s'est produite: je suis née western girl.
Le coup de foudre a eu lieu lorsqu'elle avait six ans. Ça s'est passé au Buffalo Grill
de Poitiers. C'est là que la musique country, les westerns, l'équitation,
l'histoire des États-Unis lui sont tombés dessus. Après cette révélation, elle
s'est inscrite dans un centre équestre et a commencé à monter à cheval. Depuis,
elle n'a jamais cessé.
Le jour où elle tombe par hasard sur une brochure qui offre un stage d'équitation western de trois semaines dans un ranch du Dakota du Sud, ça fait tilt. Elle travaille d'arrache-pied pour réunir les sous nécessaires à l'inscription.
Le grand jour arrive. Ils sont douze à
partir. Élise quitte Roissy pour
Winner, une petite ville proche des Badlands. Hébergés par la famille Cooper,
les douze adolescents français découvrent la vie de rancher, ses difficultés,
ses corvées, dont le pelletage de fumier, et ses fous rires. Élise réalise vite
que les autres adolescents sont
tous façonnés dans le même moule: des gosses de riches crâneurs, imbus
d'eux-mêmes. Aux yeux des autres,
et de Georgia en particulier (une
Nellie Oleson des temps modernes), Élise cumule les handicaps: issue
d'une famille de la classe très moyenne, elle n'a pas de cheval, elle est
rousse, elle tient un journal de bord et elle se lie d'amitié avec Derek, le
garçon de ferme noir venu des quartiers pauvres de l'Urban Riding Club, à Philadelphie. Facile, dans ces conditions, de
devenir la cible des railleries du groupe… (une cible, il en faut toujours une!).
Pauvre Élise. Le
voyage de ses rêves se transformera-t-il en cauchemar?
Un roman pour ado sur le Midwest,
sur la rudesse d'un mode de vie en voie de disparition. Un bel hommage à la
musique country-folk américain. (Chaque chapitre porte le
titre d'une chanson emprunté au répertoire américain.) J'en
ai appris sur le Midwest et j'ai découvert l'existence de l'Urban
Riding Club de Fletcher Street, ce quartier de Philadelphie où de
jeunes noirs, souvent des gamins de la rue, s'occupent
de chevaux en plein coeur de la ville. Même
si j'ai plusieurs réserves, l'aspect
documentaire du roman prend le pas sur les petites gamineries subit par Élise
et l'histoire d'amour bancale qui se développe: le garçon le plus riche du groupe qui
tombe amoureux de la pauvre fille du village, on a déjà vu…
Un petit roman original par son thème, rédigé sous
forme de journal de bord, à dévorer d'une traite avec un air de Johnny Cash en
sourdine. L'écriture d'Anne Percin est énergique, empreinte de finesse et
pimenté de quelques touches d'humour. Oui, certains personnages frisent la
caricature. Mais un personnage qui trace sa route comme elle l'entend, et ce,
de façon saine, ça se prend toujours bien!
Western Girl, Anne Percin, Rouergue, 200 pages,
2013.
★★★★★
18 commentaires
C'est amusant car j'ai lu un article sur Anne Percin et j'ai vu ce livre-là. Vu qu'il est destiné aux ados, ça explique peut-être que tu y as trouvé quelques facilités (le gosse riche qui s'éprend de la jolie mais pauvre fille.. ) mais j'ai souri car j'ai un collègue qui adore la country music, et fait partie d'un club de country à Nantes (où ils dansent comme les cow-boys...), il va aux USA tous les ans. Comme quoi, ils ont réussi à nous atteindre même de très loin ! Moi j'adore l'Ouest sauvage, mais après avoir goûté à ça, je ne suis toujours pas fan de la country ... :-)
RépondreSupprimerMa foi, il m'a l'air bien intriguant, ce collègue à fond dans le western!
SupprimerJ'adore aussi l'Ouest sauvage, mais sans la country! J'ai écouté des extraits sur itunes des titres cités par Anne Percin dans le roman. Outre une chanson, le reste m'a plutôt fait rire...
Pas pour moi, ce roman, mais la photo des chevaux est bien trouvée !
RépondreSupprimerEn le lisant, je me demandais aussi qui pouvait être attiré par le sujet, somme toute assez pointu - de ce roman. Je me demande si elle a trouvé son lectorat!
SupprimerIl y a d'autres titres qui me disent plus d'Anne Percin, en jeunesse.
RépondreSupprimerComme je l'écrivais à Kathel, le sujet pointu de ce roman en rebutera plus d'un. Si on a aucune affinité avec l'univers des chevaux et du country, on tourne le regard, c'est certain!
SupprimerIl me tente bien ce roman !
RépondreSupprimerHeureuse de l'entendre. Mais tu es prévenue: un roman pour ado, dont l'histoire est un chouia cucu. Mais pour le thème, c'est très intéressant.
SupprimerJe me le note tout de suite, il me tente !
RépondreSupprimerRe-heureuse de l'entendre!
SupprimerJe n'ai lu qu'un livre d'Anne Percin : "Les singuliers", qui a été un Immense coup de coeur, mais je ne pense pas que ce livre là soit fait pour moi.
RépondreSupprimerPar contre, c'est une jolie couverture.
Je vais aller voir du côté de son roman "Les singuliers". Tu m'intrigues.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce livre, je le trouve très bien pour les ados qui veulent en savoir plus sur les USA :)
RépondreSupprimerAh! Pour ça oui. Les ados peuvent en apprendre beaucoup sur les États-Unis. Et pas que les ados. Moi-même, j'en ai appris, des choses...
SupprimerMon père vit sur un petit ranch, il possède des chevaux et il fait des compétitions dans les rodéos. J'y suis allée souvent pour le regarder. C'est étonnant le nombre de jeunes qui fréquentent ces événements ! Je crois qu'on a une fausse image de cette "sous-culture" du country. Au Québec, je crois qu'il y a un bon public pour ce livre pourvu que ces jeunes cowboys et cowgirls lisent aussi :)
RépondreSupprimerJe voudrais bien le rencontrer, ton père!
SupprimerJ'ignorais que cette "sous-culture" du country était présente ici même, au Québec.
Quoique quand je pense à l'énorme affluence qu'il y a au festival de Saint-Tite...
J'aime beaucoup Anne Percin, surtout ses publicatiosn pour adultes, mais le thème de celui-ci m'attirait aussi !
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu ses romans pour les grands. As-tu un titre à me suggérer?
Supprimer