L'année la plus longue · Daniel Grenier
jeudi, novembre 19, 2015
Il y a des coups d'essai qui sont
des coups de maître. C'est le cas avec L'année
la plus longue. Quelle histoire! Quelle épopée! Quelle roman de fou!
Daniel Grenier, ton roman m'a envoûtée.
Aimé Bolduc naît le 29 février 1760 à Québec. «Le 29
février était la date la plus importante de l'univers. Pourquoi? Parce qu'elle
permettait de vivre éternellement.» Souffrant d'un mystérieux «ralentissement métabolique», Aimé
ne vieillit pas au même rythme que les autres. L'homme aurait à la fois
56 ans et 226 ans. Il ne vieillit qu'aux années
bissextiles, faisant de lui un Leaper, un Twentyniners, de «ceux et
celles qui étaient nés au milieu d'un étrange vortex temporel, qui étaient
spéciaux par définition, que le temps n'absorbait pas de la même façon.»
Aimé
avait traversé deux fins de siècle, deux débuts de siècle, ces périodes
troubles où tout était à la fois mourant et plein de vie, où la déchéance des
uns côtoyait le renouveau optimiste des autres.
Sans attache, Aimé
parcourt les Appalaches et les États-Unis durant près de trois siècles. Tout au
long de cette longue vie faite «de digressions et d'épisodes tronqués», il en vivra des choses…
la Conquête anglaise, la guerre civile américaine en passant par la rébellion
des Patriotes. Il sera tantôt inventeur, soldat, contrebandier d'alcool,
rentier et amoureux.
Albert Langlois, un
descendant d'Aimé, débarque dans une
petite ville du Tennessee au début des années 1980, sur les traces de son
ancêtre. Il a «bâti sa vie
d'adulte au complet autour d'une obsession unique, une quête qui l'avait tiré
en avant pendant près de deux décennies, le forçant à continuer et à
s'autodétruire, comme une accoutumance à une drogue sérieuse et maligne.» Il
rencontre Laura, avec qui il aura un fils: Thomas.
Né un 29 février,
Thomas serait-il lui aussi atteint d'un «ralentissement
métabolique»? La question demeure...
Il faut attacher sa tuque bien serrée avec
de la broche pour s'embarquer dans cette épopée magistrale et tenir le rythme,
car ça déménage. Dès l'entame du roman, j'ai été alpaguée. Les quatre cents
pages s'envolent et se consument à grande vitesse.
Lire L'année
la plus longue, c'est faire un triathlon de plusieurs jours: de l'action
à revendre, une intrigue palpitante et déroutante, une cuillerée de réalisme
magique. La structure même du roman est une merveille d'ingéniosité. Du plaisir, juste du plaisir, aussi bien dans les intrigues
que dans l'écriture. Les envolées lyriques se mêlent aux descriptions
cliniques, rendant les scènes mordantes, vibrantes. Daniel Grenier est un grand conteur,
donnant vie à la poésie du quotidien. Rien d'alambiqué ou d'artificiel ici. Il noue
une intrigue
vertigineuse où tout s'emboîte à la perfection, morceaux par morceaux. Les personnages, tous plus fascinants les uns que les
autres, s'inscrivent dans une mythologie américaine ancrée dans une réalité
lourde de conséquences.
L'année
la plus longue est un roman pensé et maîtrisé de bout en bout.
Il faut en profiter, car les romans qui provoquent un tel engouement ne sont
pas légion. Un roman audacieux, ingénieux, d'une folle intelligence.
L'année
la plus longue, Daniel Grenier, Le Quartanier, 432 pages, 2015.
★★★★★
26 commentaires
Ok c'est pô juste ;-) quel billet ! j'espère réellement que l'auteur aura la chance de te lire car tu lui rends un sacré hommage. Magnifique. Contente que tu aies passé de si jolies heures. Je le note dans ma wishlist pour mon voyage l'été prochain.
RépondreSupprimerJe tenterai de mettre la main dessus, juste pour toi, parce que oui, il te le faut!
SupprimerUne histoire captivante, déroutante et... décoiffante. Un bonheur de lecture.
Il n'y a pas à dire: ça donne envie!!!
RépondreSupprimerj'ai l'oeil bien attiré par ce roman mais.....en france il n'est proposé qu'en version numérique !!!!
RépondreSupprimerMieux vaut la version numérique que rien du tout. Mais quel dommage. L'objet est sublime...
Supprimernon, on le trouve à la Librairie du Québec à Paris.
SupprimerJe suis heureuse de l'apprendre. Nos cousins français aurons donc la chance de découvrir le roman de Daniel en version papier.
SupprimerPuisqu'il semble y avoir une adresse directe à l'auteur ici, je me permets de réagir à chaud tout de suite après avoir lu ton beau texte pour te dire merci! Je pense bien qu'on s'est "trouvés" à travers les mots toi et moi! :) Au plaisir de faire ta connaissance un de ces quatre!
RépondreSupprimerDaniel Grenier
(Clarence L'inspecteur était mon pseudo du temps où je bloguais)
J'en crois pas mes yeux! Monsieur Grenier en personne pose sa patte sur mon blogue? C'est tout un honneur! Sache, mon cher, que ton roman a su captiver l'exigeante lectrice que je suis.
SupprimerIl est tellement brillant et ingénieux, ton roman. Du grand art. Je me demande bien où tu es allé chercher tout ça. Ce n'est pas tout d'avoir un imaginaire foisonnant. Encore faut-il qu'il soit le moindrement structuré! J'ai lu il y a quelques mois un premier roman made in Quebec porteur de la même folie échevelée. Malheureusement, les failles dans la structure ont fait que je m'y suis perdue. Au final, je n'en garde pas un grand souvenir. Contrairement à ton roman qui continue de m'habiter. Des flash qui reviennent à la douzaine.
Là, je vais arrêter de te flatter dans le sens du poil. N'empêche, j'ai bien peser mes mots!
Si je ne m'abuse, nous sommes presque voisins! J'habite dans Montcalm. Qui sait, on se croisera peut-être à l'épicerie un de ces quatre!
Et moi Saint-Jean-Baptiste, mais la belle-famille est montcalmienne pure et dure, et je suis souvent rendu chez mes bons amis de la Librairie du Quartier, alors ça m'étonnerait pas qu'on se croise un de ces jours. :)
SupprimerEn tout cas c'est un rendez-vous au SLQ si tu as envie de jaser du livre plus avant.
Merci encore,
Daniel
De fait, on risque de se croise à la Librairie du Quartier avant le SLQ!
SupprimerJe serais preneuse pour une p'tite dédicace! Et qui sait, une petite entrevue à mettre sur mon blogue, si tu es partant.
Et je me croise les doigts pour que "L'année la plus longue" remporte le Prix des libraires.
Au plaisir!
Ça me ferait plaisir de parler avec toi du roman pour le blogue! Dis-moi comment on peut se rejoindre en dehors de l'espace de commentaires, on va se patenter quelque chose.
SupprimerTu peux me rejoindre via le p'tit logo EMAIL jaune, à droite!
SupprimerJe t'ai envoyé un petit message Facebook! :)
SupprimerUne année pas si longue que cela à lire, finalement.
RépondreSupprimerLes pages se tournent à une vitesse folle. Et c'est dommage, car j'en aurais bien pris plus!
SupprimerUne belle chronique mais ce n'est pas tout à fait mon genre de lecture :)
RépondreSupprimerSinon, je t'ai nominé pour le Blogger Recognition Award :D
http://leslecturesdecristy.blogspot.fr/2015/11/tag-blogger-recognition-award.html
Merci pour la nomination! Je vais y aller de ce pas!
SupprimerMerci de me faire découvrir une perle :)
RépondreSupprimerOh! Pas une perle. Un diamant brut!
SupprimerPour les résidents de France. Il semble que l'on puisse le commander à la librairie du Québec à Paris. Ce que je vais tenter au plus vite. Merci pour cette pépite.
RépondreSupprimerOh! La débrouillarde! Voilà une excellente nouvelle. Que "L'année la plus longue" traverse l'océan au plus vite...
SupprimerLe livre est arrivé ce matin accompagné d'un petit pot de beurre d'érable. Cela va me faire deux découvertes.
SupprimerAvec un petit pot de beurre d'érable? Wow! Nos librairies ne sont pas aussi généreux!
SupprimerJe viens de publier une entrevue avec Daniel Grenier lui-même. Ses réponses sont passionnantes...
Bonne lecture!
Ça sent l'ouest sauvage et le terroir canadien. Tabarnak ! (oui sache que quand je vois les mots Canada ou Québec illuminés mon écran, je ne peux m’empêcher de lancer un juron du coin, hostie de câlice, tant ils me paraissent si poétiques de ma lointaine contrée). N’empêche que je pourrais bien prendre mon pied avec ce genre de bouquin, le voyage l'ouest sauvage et la grande épopée à travers la poussière.
RépondreSupprimerBienvenue chez moi!
SupprimerComme je traîne souvent sur ton blog, j'ai pu constater que tu manies très bien le juron du coin!
Ce roman est tout indiqué pour te faire lâcher quelques bons hosties de ciboire par la bande!