L'homme qui tue les gens · Stan Jones
vendredi, janvier 20, 2017
Je venais à peine de laisser Rowan Friesen en
Alaska que l’envie d’y rester encore un peu me prenait. J’en ai profité pour
sortir de ma pile L’homme qui tue les
gens de Stan Jones, polar repéré chez Electra.
Nathan Active est né à Chukchi, un petit patelin fictif d’Alaska. Sa mère, trop jeune et insouciante, l’a confié en adoption à
un couple de Blancs d’Anchorage alors qu’il était bébé. Il a grandi en ville et
est devenu policier. Pas de chance, sa première affectation comme state trooper
l’a ramené à Chukchi. Il y est depuis un peu plus d’un an et ne rêve que d’une
chose: être muté dans la capitale. Retourner à la civilisation.
Durant la semaine où se déroule l’intrigue, Nathan
enquête sur la mort de deux hommes qui se seraient suicidés. Suicides? Vraiment? Ces deux locaux
ont en commun de travailler à la mine de cuivre Gray Wold, exploitée par une
société minière norvégienne. Depuis son ouverture, la mine a favorablement
changé la couleur du paysage. En embauchant des locaux, elle a créé des emplois, réduisant
considérablement le taux de chômage. De coup, la violence conjugale a baissé de 60% et moins d’enfants ont été battus. Aussi bien dire que c’est
tout bon. Mais les poissons meurent. Et l’eau n’est pas si potable qu’il n’y
paraît...
Suicides ou meurtres? Et s'il y avait anguille sous roche? Et si certains en savaient trop? Nathan Active fera la lumière.
Suicides ou meurtres? Et s'il y avait anguille sous roche? Et si certains en savaient trop? Nathan Active fera la lumière.
Voilà un bon polar social à saveur écologique.
Disons que l’intrigue ne fracasse pas des records d’originalité. J’ai vu venir
le dénouement bien avant qu’il n’arrive. Heureusement, je me suis vite attachée à Nathan et aux
personnages secondaires qui gravitent autour de lui. Nathan est un bon gars.
Un peu chialeux, mais consciencieux et toujours bien intentionné. À moitié
Blancs de par son éducation, à moitié Inupiat de par sa naissance, il se
questionne sur son identité. Difficile pour lui de créer un sentiment
d’appartenance. La plupart des gens du coin lui font d’ailleurs bien sentir
qu’il n’est pas tout à fait un des leurs. Dommage qu’on en apprenne pas plus
sur sa vie d’avant et sur les liens qu’il entretient avec ses parents d’adoption.
Le portrait social, même s’il est sombre et
désolant, est passionnant à découvrir. Une région arctique (comme tant
d’autres) contaminée par l’alcool, la drogue, la violence conjugale et un taux
de suicide effarant. À peine ont-elles le nombril séché que les filles
accouchent. Le cimetière déborde, au point qu’il faut en ouvrir un autre.
Heureusement qu’il y a le bingo une fois par semaine.
J’ai été assez bien servie pour avoir envie de
poursuivre les aventures de Nathan et d’en apprendre plus sur lui. Le deuxième
opus, Le col du chaman, est déjà
traduit. Et Stan Jones achève d’écrire le cinquième. Je remettrai donc ça!
L’homme qui
tue les gens, Stan Jones, trad. Frédéric
Grellier, éditions du Masque, 224 pages, 2016.
★★★★★
8 commentaires
Dommage pour l'intrigue, car j'aime beaucoup être dépaysée...
RépondreSupprimerL'intrigue devient si vite secondaire. Et pour le dépaysement, c'est gagné, surtout pour toi! Moi, la neige et le froid, je connais!
SupprimerJ'ai lu beaucoup de polars à une époque, mais il est de plus en plus rare que je prenne vraiment plaisir à en lire un... Il y a toujours un "mais" ;-)
RépondreSupprimerJe ne crois pas que le "mais" dit s'appliquer ici. Si tu lis des polars au compte-gouttes, mieux vaut choisir que la crème de la crème!
SupprimerSûrement une prochaine lecture mais plus tard ;-)
RépondreSupprimerTu peux facilement repousser. Ce n'est pas comme si tu manquais de lecture, hein!
SupprimerJ'ai beaucoup aimé comme toi je pense que l'intrigue passe au second plan mais tout l'intérêt réside dans la communauté et sa double identité. Je me dis qu'en cinq romans l'auteur a sans doute abordé l'enfance de Nathan ?!
RépondreSupprimerTu as entièrement raison. Le portait social est admirablement décrit. Et je me suis vraiment attachée à Nathan. C'est pourquoi je compte lire les autres opus.
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