L'orangeraie · Larry Tremblay
jeudi, août 07, 2014Le décor évoque la Palestine? Le Liban? L'Irak? Ce n'est pas là l'important. C'est un pays en guerre, et c'est tout ce qui compte.
Amed et Aziz sont jumeaux. Ils vivent à l'ombre de l'orangeraie
familiale, où la vie est douce et bonne, malgré les menaces qui rôdent. Dès le début du roman, le ciel leur tombe sur la tête lorsqu'une bombe tue leurs grands-parents. Première
page, troisième paragraphe: «Amed et Aziz ont trouvé leurs grands-parents dans
les décombres de leur maison. Leur grand-mère avait le crâne défoncé par une
poutre. Leur grand-père gisait dans son lit, déchiqueté par la bombe venue du
versant de la montagne où le soleil, chaque soir, disparaissait.» Le ton est
donné…
Après cette tragédie, le père des jumeaux reçoit la
visite d'un chef terroriste du coin. Un des fils doit être sacrifié au nom de Dieu,
pour répondre au sang par le sang. Quel enfant sera choisit pour porter la ceinture d'explosifs vengeresse? Amed ou Aziz? Pas besoin d'en dire plus, sinon que L'Orangeraie, c'est un coup de poing, une bombe. Un roman nécessaire, à lire un mot à la fois.
C'est ainsi que j'ai enterré mes parents. Tu m'as
vu, j'ai pris ma vieille pelle et j'ai creusé un trou. Tu as vu les vers qui
allaient célébrer l'enterrement. Le plus difficile, ce n'est pas de jeter la
terre dans le trou pour le recouvrir, tu m'as vu, j'ai bien fermé le trou. Le
plus difficile, c'est de chercher dans les débris. Ma mère, j'ai vu sa tête
ouverte. Je ne reconnaissais plus la bonté de son visage. Du sang, il y en
avait sur les murs percés, sur les assiettes cassées. J'ai ramassé avec mes
mains nues les restes de mon père. Il y en avait beaucoup. Je vous ai demandé,
à ton frère et à toi, de ne pas vous approcher. Je l'ai demandé aussi à votre
mère. Personne ne devrait avoir à faire ça. Personne, même le plus coupable des
hommes, ne devrait chercher les restes de ses parents dans les décombres de
leur maisons.
L'orangeraie, Larry Tremblay, Alto, 160 pages, 2013.
★★★★★
1 commentaires
Très beau billet et l'extrait choisi démontre parfaitement la puissance des mots de cet auteur.
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