L'hiver dans le sang · James Welch
jeudi, avril 13, 2017
L’envie
de lire le premier roman de James Welch, L’hiver
dans le sang, m’a prise après avoir lu un entretien avec Francis Geffard. C'est le premier roman qu'il a publié dans la collection «Terre
Indienne» et c'est ce roman, dit-il, qui a fait de lui un éditeur.
Louise Erdrich a écrit dans la préface du roman: «L’Hiver
dans le sang était, et est toujours, un texte majeur qui a inspiré toute
une génération d'écrivains indiens, y compris moi. Plus encore, c'est un
chef-d'oeuvre discret de la littérature américaine. Oeuvre de majesté
dépouillée, simple, riche, drôle et cruelle.»
Aussi
bien dire que les attentes étaient démesurées!
Le
narrateur de L’hiver dans le sang est
un Indien Blackfeet dans la
jeune trentaine. Il vit avec sa mère Teresa et sa grand-mère dans un ranch sur une réserve du
Montana. Son père et son frère sont morts plusieurs années auparavant. Le père trouvé
gelé au fond d’un fossé, le frère mort tragiquement à l’adolescence – accident dont le narrateur se
sent responsable. Teresa se remarie au début du roman avec Lame Bull. Le beau-père du narrateur assume la gestion du ranch avec le sourire aux lèvres. Épouse du dernier grand chef Blackfeet, la grand-mère du narrateur n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle se berce dans son rocking-chair en attendant la mort. La vie du narrateur
est rythmée par le travail sur le ranch, les beuveries dans les bars, quelques
rencontres pittoresques et les souvenirs familiaux traumatisants qui surgissent ici et là.
Pour
apprécier ce roman et ne pas le mettre de côté, j’ai dû le replacer dans son
contexte. Publié aux États-Unis en
1974, L’hiver dans le sang marque
l’entrée en scène des Indiens (auteur et personnages) dans la littérature
américaine contemporaine. James Welch a ouvert la porte à tous les
Sherman Alexie, Louise Erdrich, Louis Owens, David Treuer, Thomas King et
Joseph Boyden de ce monde. Ne serait-ce que pour cette raison, il me fallait
bien le lire!
Je me
demande si ce roman a bien vieilli. Qu’il se déroule dans les années 1970 n’y
est pour rien. J’ai trouvé le style morne et sans vigueur. Serait-ce un défaut
de traduction? Le côté décousu de l’intrigue m'a agacée… Ces tranches de vie racontées dans de très courts chapitres m’ont
donné l’impression de butiner. Le mal de vivre lié à la perte de repères, la
difficulté de s’insérer dans le monde sont certes bien rendus, mais j'ai trouvé que l'ensemble manquait de profondeur. La froideur et l’absence d’émotion des personnages, voulues ou
non, m’a gênée. Un roman trop désincarné à mon goût. Dommage… Je ne compte pas
ignorer James Welch pour autant! Malgré mes réserves, je compte bien
lire au moins La Mort de
Jim Loney et Comme des
ombres sur la terre.
L’hiver dans le sang, James Welch, trad. Michel Lederer,
10-18, 214 pages, 1992.
★★★★★
6 commentaires
Tu me fais hésiter, ça fait longtemps que je veux lire "Comme des ombres sur la terre", je crois que je vais attendre encore un peu ;)
RépondreSupprimerIl paraît, selon ce que j'ai pu lire, qu'il s'agit de l'un de ses meilleurs romans! En tout cas, je vais attendre un peu, mais je veux le lire, malgré ma présente déception!
Supprimeroh oui l'attente était énorme ! je comprends ta déception, même si comme toi (j'ai les mêmes livres que toi dans ma pàl) - je compte bien le lire ! tu fais bien de dire que le livre est sorti il y a près de quarante à une époque où personne ne parlait des Indiens - sauf Marlon Brando. J'avais prévu de lire La mort de Jim Lonley, peut-être que ce sera très différent ?
RépondreSupprimerIl paraît, selon le bison, que "La mort de Jim Lonley" est très différent. Je compte aussi le lire. On verra bien... Disons que je l'ai continué en ayant à l'esprit qu'il s'agissait d'un classique!
SupprimerJ'ai adoré La mort de Jim Loney. Apparemment dans un registre différent. Avec celui-là, je faisais plus de parallèle avec la littérature du Montana, que la littérature indienne. J'avais trouvé du James Crumley dans ce Jim Loney... Mais ce n'est que l'avis d'un bison...
RépondreSupprimerTon avis compte! Je vais retenter le coup avec "La mort de Jim Loney".
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