Heather, par dessus tout · Matthew Weiner
jeudi, juin 07, 2018
Karen et Mark se
sont rencontrés sur le tard. Après une brève histoire d’amour sans éclat ni feux d’artifice, ils se sont mariés. Peu de temps après, leur vie a pris un nouveau tournant lorsqu’est né le plus adorable bébé du monde: Heather. Mark
travaille dans la finance, alors que Karen a abandonné les relations publiques pour
se consacrer à sa vraie vocation: la maternité. Si le couple new-yorkais est riche et beige, Heather, elle, possède un charisme exceptionnel.
Les années
passent, et vite. Heather se transforme en une sublime adolescente intelligente, empathique et aimée de tous. Elle est le ciment qui
maintient en place les liens familiaux. Karen et Mark rivalisant pour gagner son affection, au péril de leur relation. Leur mariage ne fait que se désintégrer au compte-gouttes.
Loin du monde
doré des appartements new-yorkais et des écoles d’élite, Bobby grandit dans le
New Jersey auprès d’une mère monoparentale accro à l’héroïne, qui change de
petit ami comme elle change de bobettes. Fraîchement sorti de prison, Bobby file
à New York pour se trouver un job. Les rénovations au-dessus de l’appartement
des Breakstone l’amènent à espionner Heather. À partir de là, les événements s’enchaînent
et prennent une tournure machiavélique.
Bâillement. Serais-je en train de devenir une matrone qui fait la fine gueule? L’intrigue de Heather, par dessus tout est d’une simplicité affligeante. Je pensais bien qu’en racontant l’histoire de
Bobby en parallèle avec celle des Breakstone, cela allait amener un peu de mordant. Eh ben non! Les aller-retour
entre les deux récits créent un manichéisme peu édifiant, voire horripilant: la jeunesse pauvre de
Bobby opposée à la vie ouatée des Breakstone. Matthew Weiner y est allé un peu trop fort à mon goût sur le trait de crayon en juxtaposant la richesse et la pauvreté,
le tout pimenté de clichés gros comme le bras. Même les touches d’ironie, disséminées ici et là, passent aussi mal qu’un pépin coincé dans la gorge. Si au moins le style m’avait plu... Rien de distinctif; on reste dans le conventionnel sans apparat.
· · · · · · · · ·
Les personnages,
plus esquissés qu’approfondis, sont d’une affligeante banalité. Le seul
personnage qui, à mes yeux, a un peu de chair autour de l’os est Heather, «si belle qu’elle devenait
automatiquement le centre d’attention dans un parc ou un magasin». Je me disais que, comme elle «éprouve un dégoût grandissant pour ce qu’étaient ses parents et ce qu’ils
possédaient», cela pimenterait un peu le récit. Mais non, c’est un simple constat qui n’apporte rien de plus.
Heather,
par dessus tout se
lit comme le squelette d’une œuvre qui aurait pu être davantage étoffée. Matthew Weiner fait avancer son intrigues à coups de clichés et de banalités creuses, comme cette «machine à expresso italienne
artisanale à mille deux cents dollars, accompagnée d’un impressionnant mode d’emploi
sur DVD, l’engin ne marchant jamais deux fois de la même manière.» Et je ne parle pas de la fin! Quoiqu’elle m’a un peu surprise, elle ajoute une couche de manichéisme de plus (comme s’il n’y en avait pas déjà assez).
Un roman divertissant, qui manque cruellement d’originalité. Parfait pour une salle d’attente! Le créateur de Mad Men signe ici son premier roman. Si deuxième il y a, ce sera sans moi !
Un roman divertissant, qui manque cruellement d’originalité. Parfait pour une salle d’attente! Le créateur de Mad Men signe ici son premier roman. Si deuxième il y a, ce sera sans moi !
Heather,
par dessus tout, Matthew Weiner, trad. Céline Leroy, Gallimard, 144 pages,
2017.
★★★★★
18 commentaires
Eh bien ... tu n'y vas pas avec le dos de la cuillère...! lol
RépondreSupprimerBen moi je l'ai lu comme on regarde un petit épisode de série... Oui pour patienter c'est pas mal...
Je te l'accorde , c'est tres manichéen !
Je ne savais pas trop si il allait te plaire... maintenant, je sais .
Au suivant... ;-)
Je n'ai pas mis de gants blancs, je te l'accorde. Oui, au suivant!
SupprimerAh dommage ! Avec tous les excellents romans nord-américains, il faut parfois plus qu'un roman divertissant pour nous embarquer. J'ai le cas en ce moment avec La Saison des Feux de Celeste Ng, je baille, je baille... deux semaines que je suis dessus, vivement de passer à autre chose !
RépondreSupprimerJ'aime bien le divertissement, mais pas gratuit à ce point! Il y a tant et mieux à lire.
SupprimerDeux semaines passées sur le Celeste Ng? Tu as plus de patience que moi!
J'avais lu son premier roman, "Tout ce qu’on ne s’est jamais dit", sans grande conviction. Ça m'a suffit.
Désolée ! J'étais étonnée que tu veuilles le lire. J'en avais pas entendu du bien. Reste que j'ai adore Mad Men du début à la fin
RépondreSupprimerC'était un cadeau reçu. J'étais curieuse. Ça m'apprendra!
SupprimerÇa n'a rien à voir avec Mad Men!
Aïe ! J'avais louché dessus à sa sortie... Clichés, manichéisme, banalité... N'en jetez plus, je trace ma route :-D
RépondreSupprimerD'autres ont apprécié. Plusieurs, même. Mais chez moi, rien à faire, ça a passé de travers!
SupprimerMouahahahan j'adore quand tu prends ce ton pour faire ton billet! J'en redemande (mais je suppose que toi non!)
RépondreSupprimerJ'en redemande pas, non! Il y aura un billet sur le même ton très bientôt. Je sens qu'il te fera sourire...
SupprimerJe suis curieuse !
SupprimerCe que je peux t'en dire, pour l'instant, c'est qu'il est question de loups!
SupprimerJ'ai deviné :-D
SupprimerC'est Electra qui ne sera pas contente !
MDR! C'est vrai! Je vais en entendre parler longtemps!
Supprimerlu aussi...sans grand intérêt...je ne l'ai même pas chroniqué!
RépondreSupprimerOh! C'en est un qui est tombé dans les craques?!
SupprimerEntièrement d'accord, ce livre ne m'a pas intéressée du tout, simpliste et même pas étonnant, presque affligeant.
RépondreSupprimerJe n'aurais pas été jusqu'à dire affligeant, quoique je n'en pense pas moins.
SupprimerJe me demande si le roman aurait vu le jour si l'auteur était un pur inconnu...