Birdie · Tracey Lindberg
mardi, septembre 04, 2018Mon premier coup de cœur de la rentrée. Il en fallait un premier et c’est celui-ci!
Bernice Meetoos, alias Birdie, vient d’arriver à Gibsons, en
Colombie-Britannique. Cette jeune femme crie aimerait bien y croiser Pat John,
l'acteur autochtone qui a joué Jesse dans la série The Beachcombers, une émission de télé canadienne populaire dans
les années 70-80. Pat John lui a toujours fait de l’effet… Mais d’abord, Birdie
doit se trouver du travail et un endroit où vivre. Lola, propriétaire d’une
boulangerie, l’engage et lui loue le petit logement du dessus.
Un jour, Birdie s’étend sur son vieux lit et ne se lève plus. Elle s’absente, de plus en plus longtemps et de plus en plus loin… Une coquille vide. Durant ces absences, Birdie revisite son passé. De son enfance à Loon Lake, en Alberta, de son passage en famille d’accueil, en hôpital psychiatrique, puis de sa vie dans la rue, à Edmonton. De son obésité, porté comme une armure protectrice; de sa mère Maggie, partie quand sa fille était adolescente; de son oncle vicieux, de qui elle trouvera le moyen de se venger.
Pourquoi personne n'habitait jamais chez les oncles? Le silence engloutissait tout autour d’elle. Il a d’abord envahi la cuisine, imprégné les rideaux, rongé le prélart. Puis, il s’est répandu dans le frigo. C’était comme une mauvaise médecine. À cause de lui Freda s’émaciait; Bernice grossissait; Maggie disparaissait.
Un jour, Birdie s’étend sur son vieux lit et ne se lève plus. Elle s’absente, de plus en plus longtemps et de plus en plus loin… Une coquille vide. Durant ces absences, Birdie revisite son passé. De son enfance à Loon Lake, en Alberta, de son passage en famille d’accueil, en hôpital psychiatrique, puis de sa vie dans la rue, à Edmonton. De son obésité, porté comme une armure protectrice; de sa mère Maggie, partie quand sa fille était adolescente; de son oncle vicieux, de qui elle trouvera le moyen de se venger.
Pourquoi personne n'habitait jamais chez les oncles? Le silence engloutissait tout autour d’elle. Il a d’abord envahi la cuisine, imprégné les rideaux, rongé le prélart. Puis, il s’est répandu dans le frigo. C’était comme une mauvaise médecine. À cause de lui Freda s’émaciait; Bernice grossissait; Maggie disparaissait.
Appelées en
renfort, la cousine Freda et la tante Val débarquent pour veiller la jeune
femme. Oscillant entre le rêve et la réalité, Bernice saura-t-elle se
délesté des fantômes de son passé? Ou étouffera-t-elle sous leur poids?
· · · · · · · · ·
Tracey Lindberg construit un
récit gigogne dont elle tire les ficelles avec un doigté de maître. Tout au long du roman, le passé et le
présent s’entremêlent, l’état de rêve et d’éveil se côtoie. J’ai dû m’accrocher, au début. J’avoue que j’en ai arraché. Mais une fois embarqué dans le wagon, je ne voulais plus en descendre. La temporalité, comme la chronologie, sont
malmenées. Les
souvenirs de Birdie prennent des détours et des chemins de travers. Il y a l’existence fracassée par les abus sexuels, le rejet et la vengeance. Mais il y
a aussi l’amour, la complicité et les traditions. Chaque femme du roman déroule le fil de son
histoire sans que le trait soit forcé.
Les hommes passent un mauvais quart d’heure. Mais à agir en écoeurant, on ne
peut qu’attendre de se faire traiter en écoeurant!
Le style de Tracey Lindberg étonne d’inventivité. L’écriture, dense et fougueuse,
parsemée de touches d’humour noir, m’a prise dans ses filets. Birdie surprend,
émeut. Les sujets abordés touchent direct au cœur, sans jamais effleurer ni le pathos ni les stéréotypes. En plus de dresser un portrait sans fard de la situation actuelle des
Autochtones, Birdie explore la
capacité des femmes à surmonter les traumatismes du passé, à guérir et à aller
de l’avant.
Le premier roman de Tracey
Lindberg me donne envie de me lever et d’applaudir.
Birdie, Tracy Lindberg, trad. Catherine Ego, Boréal, 344 pages, 2018.
Birdie, Tracy Lindberg, trad. Catherine Ego, Boréal, 344 pages, 2018.
J’ai lu ce roman dans le cadre de deux challenges: Nation indienne et Canada (Colombie-Britannique).
21 commentaires
Il me tente carrément! Je commence à m'habituer aux récits où la narration de la chronologie est malmenée et où il faut s'accrocher !
RépondreSupprimerComme tu n'arriveras pas à mettre la main dessus en Belgique et si ça ne te dérange pas de lire mon sp, je te l'amène au Festival.
SupprimerTout comme Fanny, ton avis me donne vraiment envie de le découvrir! Une histoire de femme comme je les apprécie!
RépondreSupprimerJe vais en amener un exemplaire au Festival et je le ferai tirer entre Fanny et toi le samedi soir!!! On risque de bien s'amuser!
SupprimerTrop chouette! :-)
Supprimerha ha! bonne idée! :)
SupprimerTon billet me donne encore plus envie de le lire. Un peu peur pour la chronologie quand même ;-)
RépondreSupprimerSi tu arrives à te laisser porter par la narration (ce dont je ne doute pas), tu arriveras au bout dans l'temps d'le dire!
SupprimerCool !
SupprimerMais ça m'a l'air tout à fait fascinant comme roman !! Même si les sauts temporels m'effraient !
RépondreSupprimerOui, il est fascinant. Du moins, il a réussi à bien m'emporter. Les va-et-vient sont plus impressionnants que dérangeants. On s'y fait vite!
Supprimertrès alléchant !
RépondreSupprimerMalheureusement pour toi, ce roman n'est pas distribué en France. Il faut bien quelques avantages à vivre au Québec!
Supprimerj'ai pas commenté ? bref, ravie que tu aies aimé, tu l'as tellement attendu et je t'ai aussi pas mal bassiné avec ! j'ai un nouveau gros gros coup de coeur ... vivement le festival !
RépondreSupprimerMa patience a largement été récompensé.
SupprimerTon nouveau gros coup de coeur... l'auteure serait-elle Katherena Vermette, par hasard?
Quel enthousiasme ! Forcément ça donne envie. Très, très envie même.
RépondreSupprimerJe déborde d'enthousiasme pour ce premier roman. D'autant plus que je ne m'attendais pas à ça.
SupprimerMon pôvre, tu devras te tourner les pouces, le roman n'étant pas distribué en France!
J'ai ajouté Birdie après avoir lu The Break (Ligne brisée) que j'ai adoré (comme Electra). Tu confirmes mon choix.
RépondreSupprimerEt moi, j'ajoute "Ligne brisée" dans ma liste à lire d'urgence!
SupprimerAvec le billet de Jackie et le tien, je viens de faire le plein de Native American women ! Je m'en pourlèche les babines à l'avance :-D
RépondreSupprimerIl est fabuleux, tu verras. Et moi, question plein de Native American women, j'ajoute "Ligne brisée" à ma liste!
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