New Hampshire, fin des années 70. Sandy, Tara, Wandy étaient des amies d’école. Quelques années plus tard, elles sont amies de tétées, de poussettes et de couches à changer. Jamais sorties de leur petite ville, et à peine sorties de l’adolescence, les voilà mamans. Quant à Jill, la dernière comparse, elle tombe enceinte au début du roman.

Un groupe de jeunes filles traîne leur ennui. Leur vie est façonnée par les séries télé, la pub et les magazines people. Leur seule ouverture sur le monde: leur écran de télé. C’est la grande misère intellectuelle. Ces jeunes mères aiment leurs enfants. Mais elles les aiment comme des poupées qu’on peut câliner, habiller, peigner.
Les filles de Joyce Maynard n’ont pas la vie facile. Leur avenir est bouché, sans issue. À moins de prendre la poudre d’escampette pour s’échapper vers une vie qui, à défaut d’être meilleure, sera au moins différente. Joyce Maynard possède un réel talent, celui d’en dire beaucoup avec peu. Avec une grande économie de mots, elle épingle dans le détail ces vies cabossées, coincées, désoeuvrées. Roman sur les filles mères et la maternité précoce? Sans aucun doute. Mais en allant plus loin, c’est aussi une analyse sans concession du couple et un tableau d’une époque où le sexe était tabou et où la grossesse n’était pas un choix. Un très gros BOF pour la fin. Beaucoup de questions en suspens, pas de réponses. Publié pour la première fois aux États-Unis en 1981, Baby Love est le premier roman de Joyce Maynard.
Baby love, Joyce Maynard, trad. Mimi Perrin, Philippe Rey, 240 pages, 2013, 240 p.