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Bouées · Catherine Lepage

The cut off strand of female children's hair of light brown color and scissors on a pink background. Hairdressing services.

Je suis toujours plongée dans mon classique américain (200 pages addictives sur 700 pages, qui, je l’espère, le seront tout autant). Je m’offre une petite pause, le temps d’une fin de soirée neigeuse, pour lire sous la couette le dernier roman graphique de Catherine Lepage.

Catherine traverse son adolescence en caméléon. Pour elle, une seule obsession, celle du paraître: l’important n’est pas tant ce que l’on est, mais ce que l’on donne à voir. Elle traverse ses années au secondaire en s’accrochant à Jacinthe, sa meilleure amie. Elle rêve au beau Dave Morin, l’un des métaleux de l’école. Elle s’émoustille pour Steven et ses chevaux, pour Luigi et son skidoo. La p’tite bolée se met à fumer. Elle porte le jeans serré, pis des tonnes de fixatif dans les cheveux. Viennent les week-end à Montréal, chez Jacinthe, nouvellement déménagée. Sortir de Québec lui ouvre l’horizon. En route vers l’âge adulte, elle entre au cégep en graphisme, se trouve un job et sort cruiser dans les bars. Catherine sort de son adolescence poreuse avec une confiance toute fleurie. Catherine Lepage dépeint ses années 1980-1990 en bichromie vert et rose. Ce pan de vie est d’une tendre finesse et d’un humour contagieux, sans complaisance. Catherine la rêveuse, avec ses grands yeux ébahis et ses transformations capillaires, est attendrissante. Les gars, avec leurs trois poils de moustache et leur coupe Longueuil, sont hilarants.

Je me suis payée une bouffée de nostalgie au cœur de mon adolescence. Je me suis retrouvée au secondaire, j’ai revécu mes kicks de jeunesse, mes amitiés fusionnelles, ma hantise du jugement. Tsé, les «Qu’est-ce que vont penser les autres?» et les «Est-ce que je vais faire rire de moi?» Cette période trouble, je ne la revivrais pour rien au monde. Mais par le biais d’un livre, n’importe quand! Cette plongée douce-amère, au coeur de cette période charnière, m’a laissé une forte impression. J’aurais bien pris une petite cinquantaine de pages de plus, histoire de rencontrer la famille de Catherine et de passer un p’tit bout de temps avec elle dans sa chambre. J’espère que ce n’est que partie remise!

Bouées – Dérives identitaires, amours imaginaires & détours capillaires, Catherine Lepage, La Pastèque, 2020, 172 p.

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