Je suis rarement attirée par les romans historiques. Ce n’est pas trop ma tasse de thé. Mais s’il est question d’Indiens mohawks, du 11 septembre 2001 et du Pont de Québec, forcément, je change mon fusil d’épaule et j’ai envie d’en boire une tasse. Ce que j’ai fait. Ça construit fort, dans ce roman.
Des gratte-ciels et des ponts. À New York et à Québec. Michel Moutot retrace un pan de l’histoire de l’Amérique du Nord à travers trois générations de Mohawks. John LaLiberté, fouillant les décombres du World Trade Center à partir du jour des attentats du 11 septembre 2001, jusqu’à l’inauguration de la Liberty Tower en 2012. Son père, Jack LaLiberté, participant à la construction des tours jumelles dans les années 1970. Son ancêtre Manish LaLiberté, travaillant sur le pont de Kahnawake, qui chevauche le Saint-Laurent, en 1886, puis sur le Pont de Québec, qui s’écroula en 1907 (pour être ensuite reconstruit).
Trois générations de Mohawks, avec tout ce qui en découle: solidarité, rivalité, racisme ambiant, amitiés, un petit soupçon de romance. Le ton journalistique s’entremêle judicieusement avec la fiction. La construction du roman, avec ses bonds dans le temps et ses retours en arrière, sied bien à ce type d’intrigue. Quelques détails techniques m’ont semblé de trop, voire inutiles. Mais à tout prendre, c’était mieux trop que pas assez. On en apprend, des choses, dans ce roman, notamment le dépoussiérage de la légende prétendant que les Mohawks n’ont pas le vertige, ce qui les aurait rendus plus à même de pratiquer le métier d’ironworkers. Tout ce qui s’est passé dans les décombres du Word Trade Center m’a horrifiée. Et l’histoire entourant l’effondrement du pont de Québec, situé à quelques kilomètres de chez moi, m’a tout autant traumatisée. Michel Moutot a le don de mettre ses mots en scène. Un roman captivant et addictif. Le roman parfait pour mieux passer l’été.
Ciel d’acier, Michel Moutot, Points Seuil, 2016, 456 p.