Prendre Le chant des plaines de Kent Haruf. Enlever tout ce qui fait sa puissance et son charme. On obtient Cool water de Dianne Warren.
Juliet, un bled perdu au fond de la Saskatchewan. Dianne Warren présente tour à tour différents habitants de cette bourgade sans histoire. Des vies banales qui s’organisent autour des activités quotidiennes. Une petite société où tout le monde connaît tout le monde. Au centre du récit: Lee, abandonné par sa mère, laissé sur le pas de la porte de Lester et Astrid Torgeson, qui reprend la ferme familiale après la mort de ses parents adoptifs. Norval, le directeur de banque qui ne supporte plus son métier; sa femme Lila, obsédée par la gestion du futur mariage de leur fille Rachelle et de son fiancé insipide. Lynn, la propriétaire de l’Oasis Café, qui soupçonne son mari Hank de sauter la clôture. Willard, le propriétaire du dernier drive-in du coin, qui vit avec la veuve de son frère, habité par la crainte qu’elle ne le quitte. Blaine, un fermier endetté qui reporte sa honte et sa frustration sur sa femme Vicky et sur ses six enfants. Et Joni, cette femme de passage qui va bouleverser l’ordre établi dans la vie de certains de ces personnages.
Des récits de vie autour de l’orgueil et de la jalousie, des non-dits, des difficultés économiques et de la solitude. Les portraits se succèdent, morcelés, sans vraiment s’imbriquer les uns dans les autres pour former un tout cohérent. Les personnages sont d’intérêt inégal, stéréotypés. Le rythme est lent, un peu poussif. Le tout, trop convenu et prévisible à mon goût. Un patchwork très américain dans sa façon. Une petite saga déjà lue cent fois.
Cool Water, Dianne Warren, Presses de la cité, 2012, 416 p.
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