Les femmes d’Alder Avenue ne sont pas au bout de leur peine lorsque que l’une d’entre elles disparaît: Elisabeth, une jeune femme simple d’esprit qui vit avec son vieux père. Dès lors, les habitants des environs se relèvent les manches et se serrent les coudes. Les hommes organisent des battues, pendant que les femmes préparent des repas distribués aux bénévoles dans la salle paroissiale.
La disparition d’Elisabeth sert de catalyseur à une véritable crise dans le quartier. Sans compter que cette disparition pourrait être liée au meurtre récent d’une jeune prostituée noire des environs – meurtre qui, disons-le, n’a pas fait grand bruit. À mesure que progressent les recherches pour retrouver Elizabeth, le vernis des apparences craque, les mensonges et les secrets sortent du placard, les vérités explosent. Que vont devenir les parfaites épouses d’Alder Avenue, elles qui sont incapables de voir plus loin que le bout de leur rue? Dans un tel climat de paranoïa et de méfiance, jusqu’à quel point arriveront-elles à sauvegarder les apparences?
Lory Roy excelle à peindre le tableau d’une société puritaine sclérosée. Les mensonges et les faux-semblants sont révélés par petites touches, au fur et à mesure qu’évoluent les recherches pour retrouver Elizabeth. Elle écorne les apparences et la bienséance dans l’Amérique blanche de la fin des années 1950, zieutant à travers les fenêtres de ces maisons et montrant que derrière les apparences (épouses dociles, maris pourvoyeurs, maisons bien entretenues), l’hypocrisie, le mensonge, la tromperie, la médisance ont cours. Avec un art consommé de la construction (l’intrigue court sur une semaine) et des retournements, Lori Roy démystifie une Amérique pas si lointaine où Detroit commençait déjà à perdre ses plumes. Un polar bien tourné.
De si parfaites épouses, Lori Roy, trad. Valérie Bourgeois, Le Masque, 2015, 350 p.
© Joel Meyerowitz