Search

Écorchée · Sara Tilley

Teresa a douze ans lorsqu’elle déménage, pour un an, avec son père et son jeune frère Evan dans la communauté inuite de Sanikiluaq, dans les Territoires du Nord-Ouest. La mère, elle, est restée dans le Sud, hantée par ses démons, obsédée par Sainte Élisabeth de Hongrie. 

Pour Teresa, l’adaptation à ce nouveau monde est difficile. Son amour des livres l’aide à vivre. Fervente lectrice, elle plonge dans les romans qu’elle a amené avec elle: Les aventures de Huckleberry Finn, Les Hauts de Hurlevent, Les quatre filles du docteur March, L’Odyssée… À l’école, Teresa se fait tasser dans le coin. Mais ça, elle y est habituée. Avec sa peau blanche comme la neige et ses cheveux «blanchâtres-jaunâtres-translucides», elle ressemble à une albinos. Elle pourrait se fondre dans le paysage. À force d’acharnement, Teresa finit par se faire une petite place dans ce monde. Elle s’amourache de Willassie Ippaq. C’est le plus vieux de la classe, et un incroyable sculpteur. Ils se rapprochent en cachette. Ces premiers émois, ce premier grand amour dévore Teresa. Le retour dans le Sud, précipité, la marque à jamais…

Toujours sur le même élan d’approfondir ma découverte des auteur(e)s du ROC (Rest of Canada), j’ai mis la main sur Écorchée, le premier roman d’une jeune auteure terre-neuvienne.


Je n’irai pas par quatre chemins. D’abord, 568 pages, c’était trop long. Inutilement long. Le roman jongle avec les époques, les chapitres alternent entre la vie nordique de l’adolescente et sa vie de jeune femme à St. John’s. Ces deux temporalités cassent le rythme de lecture. J’ai eu du mal à me détacher des chapitres qui se déroulent à Sanikiluaq. L’adaptation de la jeune Teresa à sa nouvelle vie est fascinante. Les champs de glace, la rencontre avec un ours polaire, l’écorchage de phoques, la construction d’un igloo… Et les nouvelles habitudes à prendre, les rencontres. J’étais conquise.

Plus de dix ans passent. Teresa a vieilli. Dans la jeune vingtaine, elle habite St. John’s, Terre-Neuve. Elle est photographe et gagne sa croûte en travaillant dans une galerie d’art. Elle fréquente sans grand enthousiasme la jeune communauté artistique du coin. Teresa vivote sans véritable but, se questionne et imagine. L’amour dérive, le désoeuvrement lui colle à la peau. Sa relation avec Willassie hante encore Teresa. Le jeune Inuit a «complètement bousillé le département des relations amoureuses».    

Les chapitres qui se déroulent à St. John’s brisent l’élan. Je me suis forcée à lire ces tranches de vie blasée et désoeuvrée, mourant d’envie de filer au prochain chapitre. C’est que j’ai trouvé la Teresa adulte d’une fadeur exaspérante.

Le style de Sara Tilley, traduit par Annie Pronovost avec une grande justesse, est riche et sobre. Les mots coulent naturellement. La voix de la jeune Teresa vibre d’authenticité. Écorchée aurait pu (dû) être remanié pour faire deux romans distincts. J’aurais été preneuse pour l’un, mais j’aurais passé mon chemin pour l’autre!

Écorchée, Sara Tilley, trad. Annie Pronovost, Marchands de feuilles, 2017, 568 p.

Rating: 2 out of 5.

14 comments

  1. zut ça commençait pourtant si bien ! et deux livres au lieu d'un. Mince alors. Parfois, je me dis que l'éditeur n'a pas fait son boulot dommage car quand le style est là …Le prochain sera peut-être meilleur ?

  2. Il faut aussi que je découvre la littérature du reste du Canada. J'ai lu 2 romans en 2016 (mais c'est davantage que toutes les années précédentes…) et j'aimerais continuer. J'avais noté \ »Écorchée\ » et malgré ce que tu en dis, il me tente encore. À suivre…

  3. Oui, dommage. Si je n'avais lu que les chapitres se passant dans le Grand Nord, mon verdict aurait été tout autre!Le prochain sera… un coup de coeur!

  4. J'espère bien qu'il te tente encore, ma chère. Mon verdict n'a pas pour but de dissuader la lecture. C'est un avis personnel et je ne demande qu'à lire des avis contraires! Je reste à l'affût de ton verdict!

  5. Ah zut, le début de ton billet (et du livre, donc) était très prometteur ! moi, après un début de Janvier sur les chapeaux de roue en terme de coups de coeur et d'excellentes lectures, j'ai enchaîné deux/trois déceptions, j'espère que ma prochaine lecture relèvera le niveau !

  6. J'ai lu ce matin la critique dans Le Devoir. Eux, ils aiment bien (comme très souvent, d'ailleurs!) Bref, intéressant pour la partie Nord, mais pas indispensable. Je préfère les «romans du Nord» qui se concentrent sur le Nord (comme \ »Nirliit\ » de Juliana Léveillé-Trudel, ou\ »Panik\ » de Geneviève Drolet, ou encore \ »Nord Alice\ » de Marc Séguin…

Comments are closed.

Close
Close
%d bloggers like this: