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Impurs · David Vann

Lire David Vann, c’est plonger dans une ambiance toxique, mettre le doigt dans un engrenage dont on ne sort pas indemne. Ses histoires prennent à la gorge, font suffoquer, hypnotisent. On ne le lit pas pour la détente, ni pour passer un agréable moment. C’est autre chose qu’on y cherche (et trouve!). Je suis une inconditionnelle… Il y eu d’abord Sukkwan Island, inspiré par le suicide de son père, puis Désolations. Il y faisait un froid polaire, sous le ciel glacial de l’Alaska. Avec Impurs, son troisième roman, changement de décor. On étouffe dans la chaleur torride de la Californie.

Été 1985. Galen est un garçon étrange. À 22 ans, il se réfugie loin de la réalité, plongé dans ses croyances nouvelle âge. Sa mère Suzie-Q sait que le bonheur est pour hier et que rien d’autre ne s’annonce qu’une vie à problèmes. Heureusement, elle a Galen. Galen, qu’elle aime trop, sans doute, mal assurément, mais c’est une mère. Ils vivent dans une grande maison, loin de tout. Quelques personnages gravitent à l’occasion autour d’eux: une grand-mère qui perd un peu la tête, recluse dans un institut spécialisé; Helen, toujours en bisbille avec sa mère et sa sœur Suzie-Q; Jennifer, la cousine de Galen, une adolescente cynique, libérée, brutale. Vient le moment où la réalité se disloque, où tout part en lambeaux. Et on se doute que ça ne peut que mal finir.

David Vann excelle dans la mise en scène de l’effritement du socle sur lequel les existences sont bâties. Certaines scènes coupent le souffle. Les scènes de famille, notamment, quand ça monte et que ça explose, les injures, les coups. Puis, il y a le dernier tiers du livre, la mère et le fils seuls à seuls… et c’est terrible. On ne sort par indemne d’une telle lecture.

Impurs, David Vann, trad. Laura Derajinski, Gallmeister, 2014, 288 p.     

Rating: 4 out of 5.
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