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La ballade de Baby · Heather O’Neill

Baby à 12 ans. Oui, c’est son vrai prénom. Elle ne connaît pas sa mère, morte trop tôt. Son père Jules est un indécrottable immature. Il la fait vivre dans son monde de junkie, l’amène à côtoyer une faune peu recommandable (drogués, prostituées). Ensemble, ils passent leur temps à déménager d’un quartier malfamé de Montréal à un autre. Baby est trop souvent livrée à elle-même, un pied dans le monde de l’enfance, l’autre dans celui des adultes. Elle sera poussée à vivre des expériences de plus en plus extrêmes. On se doute de la suite…

Avec le roman choral, les bouquins qui donnent la parole aux enfants et aux ados sont mes préférés. Je passe rarement à côté. Dommage, c’est rarement réussi. Là, c’est très très réussi, avec une magnifique couverture de Carmen Segovia, et en poche, en plus! Que demander de plus? Mais là, attention, c’est dur et ça prend au tripes. Heather O’Neill offre un récit d’une lucidité glaçante, évoque le regard de l’enfant avec une justesse saisissante. La traduction laisse à désirer, mais c’est un moindre mal. J’ai été bouleversée par la solitude de Baby et l’attachement qu’elle porte à son père. Une vie cabossée où l’espoir apparaît (un peu) au bout du tunnel… 

Soudain, je me suis rendu compte que je voulais que tout redevienne comme quand j’étais petite. Une môme ne sait pas qu’elle habite un appartement merdique. Pour elle, une chaise est une chaise, même si elle est branlante. Une fleur sauvage qui pousse entre deux pavés du trottoir, devant son immeuble, est un jardin. Elle croit que la chanson que fredonne son père ou sa mère le soir est un grand air d’opéra, le plus tragique qui soit. Lorsque vous êtes très jeune, il ne vous vient jamais à l’esprit que ce que vos parents ont à vous offrir n’est pas suffisant.

La ballade de Baby, Heather O’Neill, 10-18, 2014, 408 p.

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