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La famille Middlestein · Jami Attenberg

Y’a pas à dire, la nourriture est devenue une obsession culturelle. Magazines, sites Internet, canaux spécialisés, télé-réalité, la nourriture est plus que jamais surexposée. Ces dernières années, plusieurs romans mettant en scène des obèses me sont passés entre les mains: Couché de David Whitehouse, Un si joli visage de Lori Lansens, ou encore le Big Brother de Lionel Shriver. Et puis, il y a La famille Middlestein.

La famille Middlestein est au bord de la crise de nerfs depuis qu’Edie, la mère, risque d’y passer, en proie à de graves problèmes de santé dus à son obésité. Depuis qu’elle est toute petite, Edie mange. À la moindre contrariété, elle se réfugie dans la nourriture. Devenue adulte, elle est devenue une avocate acharnée, s’est mariée et a eu deux enfants: Rachel et Benny.

Mais voilà que tout se déglingue, parce qu’Edie, elle n’en finit plus de grossir et que sa santé vacille dangereusement. Elle a grossi au point que ses employeurs l’ont congédiée. Cerise sur le gâteau, son mari Richard la quitte après trente ans de mariage. Libéré des liens d’un mariage castrateur, il redécouvre les joies et les aléas des nouvelles rencontres féminines. Pendant que Rachel se case enfin avec son voisin Daniel et que Benny fume son joint quotidien, Edie mange. Heureusement que Rachelle, belle-fille d’Edie et femme de Benny, n’est pas loin! Elle s’est donné comme mission de sauver Edie à coups de marches quotidiennes et de Weight Watchers. Entre ses manucures hebdomadaires, la synagogue et la préparation de la bar-mitsva de ses jumeaux, elle ne sait plus où donner de la tête! Toute cette belle famille devra mettre la main à la pâte pour sauver Edie. Mais comme Edie ne veut pas trop s’aider elle-même…

Avec une précision émotionnelle sans faille, Jami Attenberg porte un regard à la fois cinglant et attendri sur cette famille juive de la classe moyenne de la banlieue de Chicago. Elle pointe du doigt les travers de l’Amérique: société de consommation à outrance, obésité morbide, préjugés, non-dits familiaux. Elle réussit un portrait de famille décapant, une tragi-comédie pleine de verve, portée par un humour désopilant. Elle met en exergue le poids de la tradition familiale et religieuse avec un éventail de personnages hauts en couleur. Mais de là à dire, comme le prétendent certains, que La famille Middlestein se situe dans la lignée des romans de Jonathan Franzen… On se calme le pompon!

La famille Middlestein, Jami Attenberg, trad. Karine Reignier-Guerre, Les Escales, 2014, 384 p.

Rating: 3 out of 5.
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