Il peut m’arriver d’acheter un livre uniquement parce que je succombe à sa jolie couverture, sans lire la quatrième, n’ayant aucune idée de quoi il en retourne. Ça m’apprendra… J’ai pataugé dans ce roman, perdant le fil, le retrouvant. Je me suis accrochée et j’en suis finalement venue à bout.
Avant d’ouvrir le livre, j’ai zieuté la quatrième de couverture.

Entendre la parole des enfants est devenu mortel. Au parc, les adultes dépérissent sous les cris de leur progéniture. Cette épidémie étrange se répand partout, dans toute la ville, dans chaque famille. Des transmissions radiophoniques dont l’origine est inconnue ordonnent en boucle et à chacun d’abandonner tout, leur maison, et de partir. La nuit, les rues des quartiers résidentiels se transforment en issue de secours pour pères tentant d’échapper au désespoir. Aux yeux de Sam et Claire, il semble que la seule alternative est de s’enfuir loin de leur fille, Esther. Celle-ci se moque de la maladie de ses parents, sans comprendre pour l’instant que, d’ici quelques années, elle sera aussi victime de la toxicité du langage. Mais, petit à petit, Claire et Sam se rendent compte qu’il n’est pas si facile de quitter un être cher, même si la parole malveillante des enfants les fait décliner à vue d’œil. Le soir de leur départ, Claire disparaît mystérieusement. Sam, lui, est déterminé à trouver un antidote à la toxicité du langage, et va pénétrer au cœur d’un monde étrange pour tenter de sauver sa famille.
Intéressant, non? Et pourtant… Il se dégage de ce roman une certaine lassitude, plutôt qu’une grande intensité. Le récit est beaucoup trop métaphorique à mon goût, la composition trop exhibée nuit à l’émotion, les personnages manquent de relief. Les multiples descriptions de fluides et de putréfaction de la chaire deviennent excessivement répétitives, voire inutiles. Ben Marcus a écrit un livre hybride, noueux, difficile, mi-conte de fées, mi-histoire d’horreur. Ça se veut trop brillant. Cette constellation d’histoires disparates a fini par me lasser. J’aurais beaucoup aimé aimer. Une oeuvre audacieuse, mais trop pour moi, on dirait.
L’alphabet de flammes, Ben Marcus, Éditions du sous-sol, 2014, 348 p.
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