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L’arbre aux haricots · Barbara Kingsolver

Kentucky, années 1980. Taylor vient de terminer ses études. Elle n’a qu’une idée en tête: quitter son patelin natal «où les filles commencent à faire des bébés avant d’apprendre leurs tables de multiplication». Hors de question qu’elle se retrouve enchaînée à ce bled avec mari et enfants. Elle s’achète une vieille Volkswagen Beetle 1955, dit au revoir à sa mère et prend la route vers l’Ouest. Elle roulera jusqu’à ce que sa bagnole rende l’âme.

Elle n’avait pas prévu que sa transmission défaillante l’obligerait à faire une halte dans l’Oklahoma, ni que cette réparation grugerait une grosse partie de ses économies. Elle avait encore moins prévu qu’à la sortie du bar où elle s’est arrêtée prendre un café, une indienne Cherokee lui déposerait dans les bras une gamine de trois ans.

Ne pouvant se résoudre à abandonner l’enfant à son sort, elle l’emmène avec elle. C’est à Tucson, en Arizona, qu’ils échouent. Taylor se lit rapidement d’amitié avec Mattie, la propriétaire du garage Seigneur Jésus, Pneus d’occasion, qui aide des sans-papiers guatémaltèques à passer la frontière. Elle devient la colocataire de Lou Ann et de son bébé. Cette jeune mère névrosée, laissée par son mari, voit le danger partout où son regard se pose.

Pour Lou Ann, vivre c’était risquer sa vie à chaque instant. Rien sur cette terre n’était totalement inoffensif. […] elle conservait les coupures de journaux qui relataient les catastrophes les plus invraisemblables qu’on puisse imaginer. Des convives paisiblement attablés dans un restaurant, décapités par un ventilateur tombé du plafond. Des bébés propulsés tête la première dans une glacière remplie de canettes de bière et noyés dans la glace fondue pendant que la famille jouait au frisbee. Une femme, mère de sept enfants, sortant d’une quincaillerie, frappée en plein coeur par un pistolet clouteur à air comprimé manipulé par erreur depuis un chantier de l’autre côté de la rue. Selon le raisonnement de Lou Ann, cela prouvait que non seulement les glacières et les chantiers étaient dangereux, mais également les quincailleries et les frisbees.

Grâce à sa fille adoptive et à ses nouveaux amis, Taylor trouve une nouvelle famille. L’amitié qu’elle développe avec Estevan et Esperanza, des clandestins guatémaltèques, et le dénouement de leur histoire commune permet à Barbara Kingsolver d’aborder certains de ses thèmes de prédilection: la politique d’immigration et le sort réservé aux populations autochtones Cherokee. Chez elle, les femmes ont du caractère. Libres, indépendantes, elles ne s’en laissent pas imposer. Malgré leurs blessures, malgré les difficultés du quotidien, l’espoir et l’amour dominent, faisant ressortir le meilleur des êtres.

Ce roman Barbara Kingsolver est plein de bons sentiments (un peu trop à mon goût), habité par des personnages attachants. Un hymne à l’amitié et à la solidarité, à la fois drôle et profond. Comme la vie… À savourer pour contrer la morosité.

L’arbre aux haricots, Barbara Kingsolver, trad. Martine Béquié, Rivages poche, 2014, 320 p.

Rating: 2 out of 5.

© unsplash | Danika Perkinson

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