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Le petit copain · Donna Tartt

Ça se passe dans les années 1970, dans le Mississippi. Harriet, douze ans, dérive au milieu de sa famille, ou de ce qu’il en reste: une grand-mère, des grandes tantes, une soeur et une mère. Elle vit avec le souvenir scotché dans l’âme de Robin, son frère aîné, retrouvé pendu le jour de la fête des Mères. Harriet fait tout son possible pour se construire et s’affirmer. Sa mère, elle, se réfugie dans la douleur, qu’elle soigne à coup d’antidépresseurs, sa soeur passe son temps à rêvasser pour mieux oublier, sa grand-mère régente tout, et ses grandes tantes se complaisent dans les souvenirs des splendeurs passées de la famille Clève. Mouton noir, vilain petit canard au milieu d’une société baptiste ultra religieuse, Harriet trouve sa planche de salut: retrouver le meurtrier de son frère. Aidé de son ami Hely, qui l’aime en secret, Harriet mène son enquête. Harriet n’a pas la chance d’être Hely, qui «vivait dans un monde exubérant, chaleureux, coloré et tout était moderne et lumineux, les chips de maïs, le ping pong, la stéréo et les sodas, sa mère en tee shirt et jean coupé courant pieds nus sur la moquette», elle erre dans « sa propre demeure, obscure, chargée de souvenirs malodorants, qui dégageaient de tristes effluves de poussière et de vieux vêtements». Comme il faut un coupable pour le meurtre de Robin, elle le trouvera et entrainera tout le monde dans son sillage, pour le meilleur et pour le pire.

Donna Tartt écrit peu. Un roman tous les dix ans. Je n’ai pas encore lu Le chardonneret. Comme je suis certaine d’aimer, je le garde comme valeur sûre. J’ai lu Le petit copain l’an dernier, et quelle lecture. Le livre est costaud. Plus de 600 pages bien tassées, une montagne à gravir. Pas le genre de bouquin qu’on peut lire d’un œil, le soir, en s’endormant crevé et en pensant à autre chose. Le petit copain chamboule, il secoue grâce à la complexité de ses personnages et à son intrigue fascinante. La force du roman vient de la description glaciale et laconique du quotidien, sans réserve, sans compromis ni intervention poétique. Un roman coup de poing, tout de fureur et d’ardeur.

Le petit copain, Donna Tartt, Plon, 2002, 624 p.

Rating: 5 out of 5.
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