Search

Les enfants de Dimmuvik · Jón Atli Jónasson

Une vieille femme assiste à l’enterrement de son frère. Entre le début et la fin de la cérémonie à l’Église, elle se remémore l’année de ses douze ans, en Islande, quand elle vivait avec sa famille à Dimmuvik. Dimmuvik, c’est le nom de cette crique aride où le vent mord la peau, où la neige étouffe la vie, où les gens meurent de faim. La mort rôde. Elle prend un nourrisson, un chien. Elle pénètre dans la bergerie et emporte les moutons. La narratrice – l’aînée – doit veiller sur son frère et sur sa sœur. La mort prendra l’un d’eux. La mère ne quitte plus sa chambre depuis que son quatrième enfant est mort, aussitôt né. Le père fait son possible, mais ça ne suffit pas. Rien ne suffit. La narratrice est habitée par un désir d’aller de l’avant, de poursuivre une «échappée chancelante dans le monde». Elle y parviendra. D’autres n’auront pas cette chance.

Le dramaturge islandais Jón Atli Jónasson livre un court récit d’une remarquable intensité. Tout est palpable ici, brut, à fleur de peau. Le style dépouillé à l’extrême donne plus à entendre par le non-dit que par de longs discours. Un témoignage poignant sur l’extrême pauvreté qui régnait en Islande il y a à peine trois générations. Une histoire de survie sans concession, sans aucunes fioritures. Des mots justes et secs pour décrire la dureté de la vie dans un environnement impitoyable. Ce récit est court, trop court, comme certaines vies l’ont été en Islande au début des années 1930, mais il reste longtemps dans la mémoire, comme un souvenir indélogeable.

Les enfants de Dimmuvik, Jón Atli Jónasson, trad. Catherine Eyjolfsson, Notab/lia, 2015, 87 p.

Rating: 3 out of 5.
Close
Close