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Mon année de repos et de détente · Ottessa Moshfegh

J’ai tourné autour de ce roman pendant longtemps. Je l’ai tenu entre mes mains, souvent, puis reposé, toujours. Il a fallu que ma libraire aux bons goûts le lise et m’infuse son enthousiasme pour que je me décide à le lire. C’était loin d’être gagné!

Ce roman, on l’a vigoureusement aimé ou furieusement détesté. J’ai dû attendre le bon moment, la bonne disposition d’esprit. Je me suis dépoussiéré de mes a priori et j’ai plongé.

Elle a 26 ans, est orpheline et vit à New York. Elle va mettre, pour la prochaine année, sa vie sur pause. Elle va dormir et avaler des cocktails de pilules par grosses poignées. J’avoue que, dit de même, ça a l’air déprimant sans bon sens. Et pourtant…

Je me tenais à l’écart de tout ce qui risquait de stimuler mon intellect ou de me rendre envieuse, ou angoissée. Je baissais la tête. […] La vie serait plus supportable si mon cerveau était plus lent dans sa condamnation du monde qui m’entourait.

Avec une acuité sociologique prodigieuse, Ottessa Moshfegh s’attaque aux travers de notre époque. Elle caricature à l’extrême ses personnages. C’est tellement gros que ça en devient hilarant. Les questions qu’elle soulève n’ont pas fini de germer dans mon esprit: sur quoi repose l’amitié? À quoi tient l’amour? À quoi sert le culte des apparences? La société de consommation peut-elle apporter le bonheur? L’art contemporain est-il une grosse farce? Un roman acide, féroce et satirique, porteur d’une richesse impressionnante et insoupçonnée.

Mon année de repos et de détente, Ottessa Moshfegh, trad. Clément Baude, Fayard, 2019, 299 p.

Rating: 4 out of 5.

© pexels

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