Je lis, en soirée, le billet de Krol sur Mur Méditerranée. Je ne sais pas précisément pourquoi, mais ça devient urgent: je dois lire ce roman. Le seul hic? Il me faut attendre le lendemain pour filer à la librairie. Je le savais que ce roman allait me jouer dans les tripes. C’était inévitable, vu son sujet.
La Méditerranée était devenue une véritable autoroute, l’une des plus mortelles pour les migrants acheminés par des marins amateurs.

Mur Méditerranée, soit le destin de trois femmes: Chochana la Nigérienne, Semhar l’Érythréenne et Dima la Syrienne. Elles ont trois religions différentes. Elles ont des croyances et des traditions distinctes. Mais elles sont embarquées dans une même aventure, celle de la traversée de la mer Méditerranée pour fuir la guerre, la dictature ou la sécheresse. Elles ont un seul et même but: trouver une vie meilleure. Loin de tout sensationnalisme, Louis-Philippe Dalembert décrit la violence et la barbarie auxquelles font face les migrants. En multipliant les voix, il donne une respiration fiévreuse à cette histoire. Il creuse l’intimité de ses personnages et fait s’entrelacer leur vie. Tout y est: la vie avant l’exil, les raisons du départ, la traversée périlleuse, l’amitié, la peur, la solidarité, le racisme. Les chapitres oscillent entre souvenirs du pays, péripéties du départ et présent de la traversée. Et il y a l’après… Mur Méditerranée m’a conduit au plus près de la réalité de ceux qui n’ont d’autre choix que l’exil. Une lecture éprouvante et nécessaire, pour mieux comprendre ce que les médias présentent trop souvent à grand coup de sensationnalisme.
Raconter les histoires ne résout rien, ne recoud pas les vies brisées. Mais peut-être est-ce un moyen de comprendre l’impensable.
Valeria Luiselli
Mur Méditerranée, Louis-Philippe Dalembert, Sabine Wespieser, 2020, 326 p.
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