Accro à l’héroïne, Lin est arrêté à la suite d’un vol qui a mal tourné. Il est en cavale après s’être évadé d’une prison de haute sécurité à Melbourne. Il endosse une fausse identité et se réfugie en Inde, à Mumbai (Bombay), où il espère bien ne jamais être retrouvé. Seul dans cette ville tentaculaire, étranger à la langue et aux coutumes, il cherche à se créer une famille, à tisser des liens. Il devient tour à tour dealer de drogues et de faux passeports, docteur improvisé dans un bidonville, complice d’un gang mafieux, amoureux transi de la séduisante et inaccessible Karla (j’avoue que les passages romantiques sont un peu mielleux, mais pas indigestes). Au total, dix ans passés en Inde qui changeront à jamais le cours de sa vie.
Gregory David Roberts possède une réelle inventivité dans l’écriture: des images foisonnantes, des envolées lyriques et des descriptions d’une précision à couper le souffle. Les odeurs, les couleurs, les rues, les personnages… J’y étais.
Shantaram présente une évocation magistrale de l’Inde, offre une expérience unique de lecture servie par un humour, une énergie, une générosité rares. Un roman d’une richesse et d’une profondeur inouïes, recelant plusieurs romans en un: une intrigue passionnante, des situations rocambolesques, des rebondissements et du suspense. Il y a, dans ce pavé, tout ce qui fait une bonne histoire: le dépaysement, l’aventure, l’amour, l’amitié et une réflexion sur la liberté et le sens se la vie. Un roman étourdissant, envoûtant, dense et profond à la fois.
Gregory David Roberts s’est inspiré de sa vie pour écrire Shantaram. C’est de sa prison australienne qu’il a écrit son roman. Son manuscrit a été par deux fois détruit par des gardiens de prison. Pas facile de s’y remettre après! À côté de la vie trépidante de Gregory David Roberts, notre vie à nous ressemble plus à un épisode de Dora l’exploratrice!
Il m’a fallu du temps et presque le tour du monde pour apprendre ce que je sais de l’amour et du destin, et des choix que nous faisons, mais le coeur de tout cela m’a été révélé en un instant, alors que j’étais enchaîné à un mur et torturé. Je me suis rendu compte, d’une certaine façon, à travers les hurlements de mon esprit, qu’en dépit de ma vulnérabilité, de mes blessures et de mes chaînes, j’étais libre: libre de haïr les gens qui me torturaient, ou de leur pardonner. Ça n’a pas l’air d’être grand chose, je sais. Mais quand la chaîne se tend et entaille la chair, quand c’est tout ce que vous avez, cette liberté est un univers entier de possibles. Et le choix que vous faites entre la haine et le pardon peut devenir l’histoire de votre vie.
Shantaram, Gregory David Roberts, Livre de poche, 2008, 871 p.
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