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Soeurs volées · Emmanuelle Walter

Pas de fiction, ici. Mais la vie, la vraie. Maisy Odjik et Shannon Alexander, deux adolescentes débordantes de vie, rebelles et… vulnérables. Elles vivaient à Kitigan Zibi, une réserve algonquine près de Maniwaki, au nord d’Ottawa.
 

Le 6 septembre 2008, les deux adolescentes sont sorties faire un tour, comme souvent. Elles ne sont jamais rentrées. Évanouies dans la nature. Les policiers n’ont pas pris la situation au sérieux. Cétait sûrement une fugue. Pourtant, aucun mot ni aucun geste ne laissaient entrevoir qu’il aurait pu s’agir dune fugue.

Maisy Odjik et Shannon Alexander ne sont pas des cas isolés. Depuis 1980, ce sont plus de 1181 femmes autochtones canadiennes qui ont été assassinées ou sont disparues.

Pas de traces, pas de corps […]. C’est le point d’interrogation qui vrille l’estomac des mères, des pères, des frères, des sœurs et des cousins; les familles se débattent, enquêtent parfois en lieu et place des policiers, protestent contre le peu d’attention qui leur est accordé, mais leurs cris sont comme absorbés par un Canada ouaté, feutré, qui s’accommode de la misère des Autochtones. Le silence.

Ce scandale révoltant se poursuit depuis près de quarante ans dans une indifférence quasi généralisée. Le gouvernement fédéral et la police tribale ferment les yeux. Ils ne font que le minimum, histoire de ne pas perdre la face.

L’enquête réalisée par la journaliste indépendante Emmanuelle Walter donne un visage humain aux statistiques. Il y a le racisme, la violence et la pauvreté. La misogynie, le machisme et l’impunité. Mais il y a aussi l’amour, la détermination et l’espoir. Un essai percutant et nécessaire.

Suzanne et Electra en parlent mieux que moi.

Sœurs volées – Enquête sur un féminicide au Canada, Emmanuelle Walter, Lux Éditeur, 2014, 224 p.

Rating: 4 out of 5.

20 comments

  1. Voila qui éveille ma curiosité ! ton blogue est vraiment un lieu de perdition ! J'ai déjà entendu parler de ces histoires de disparition, je note le titre ;o)

  2. J'ai écouté récemment une émission à ce sujet à la radio, c'est atterrant et à peine croyable… ce titre a l'air très intéressant, d'après ce que tu en dis, l'auteur traite le sujet avec profondeur, sans s'arrêter à sa dimension \ »policière\ ».

  3. Tu en parles très bien aussi!Ca me fait penser à un film qui parle de disparitions d'amérindiennes, \ »Wind River\ ». Là aussi il est question de fermer les yeux sur ces disparitions…

  4. Elle aborde tous les aspects reliés à ces disparitions. Mais surtout, elle donne un visage humain à deux jeunes filles et à leur famille. C'est d'autant plus touchant et effarant.

  5. Un lieu de perdition? Et ton blogue, alors!Tout l'intérêt de cet essai, pour moi, vient de ce qu'il entremêle plusieurs aspects d'une même réalité, tant la politique que la sociologie. Mais surtout, il apporte une dimension humaine sur une réalité facilement désincarnée à coups de statistiques.

  6. Wind River, j'ai adoré ! Oui, il mentionne aussi toutes les violences faites aux femmes autochtones et passées sous silence. Je suis ravie que tu aies lu cet essai, dire que tu l'avais rendu. Et comme toi, ils donnent un visage à ces deux jeunes femmes. Au journal, ils en ont reparlé récemment en disant que le gouvernement canadien avait mis en place une cellule d'enquête.

  7. *Woliwon Komac gentile Marie-Claude. Ce genre d'essai faut les lire et en parler afin de ne pas que ces disparitions restent dans l'oubli. L'enquête avance à petits pas mais elle avance. (* Merci beaucoup en langue Malécite)

  8. Commandé !!! merci …vous avez l’art de titiller la curiosité Pardon , si je m’y prends mal pour commenté vos chroniques…je suis une novice en la matière 🙂

  9. C'est encourageant de savoir que l'enquête avance. Tant qu'elle ne reculera pas, l'espoir est permis. Ça sonne doux à l'oreille, ce merci!

  10. Le fait que l'auteure donne un visage humain à des statistiques permet au lecteur de se rapprocher du sujet. On a l'impression d'y être et de côtoyer ces familles. Si tu as l'occasion de le lire, fonce!

  11. Oui, dire… Finalement, je l'ai payé le gros prix (deux fois), mais ça valait vraiment la peine!L'enquête progresse à petits pas, mais elle progresse. C'est déjà ça!

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