1947. Port et Kit Moresby, un couple d’Américains trentenaires oisifs, débarquent à Tanger, des dollars plein les poches, des malles aussi grosses que leurs désillusions. Port est un compositeur qui ne compose plus. Kit, sa femme, est une dramaturge qui n’a presque rien écrit. Après dix années de mariage au compteur, Port et Kit, en mal de sensations fortes, espèrent raviver leur amour dans le sable du désert. Ils accumulent les kilomètres, un façon comme une autre de fuir la crise latente qui mine leur couple. Ils traînent dans leurs bagages Turner, un ami mondain, tel un objet futile et vain. Tunner consomme la vie, alors que Port aspire au silence. Kit oscille entre les deux: futile par désespoir, curieuse par nature.
Bientôt, l’acariâtre madame Lyle et son fils Eric, pervers alcoolique, se joignent à eux. Elle écrit des guides de voyage tout en dénigrant les indigènes et les touristes français. Son rejeton, la quarantaine boutonneuse, mendie quelques centaines de francs afin de s’imbiber de sherry, à l’abri des remarques venimeuses de sa mère.
Dès lors, pour fuir, Port n’a de cesse de s’enfoncer plus avant dans le désert. Les conditions de voyage se dégradent au fil du périple. Port tombe gravement malade. Il trouve refuge dans un fort de l’armée française. Atteint de la typhoïde, il dépérit à vue d’oeil. Kit reste seule face à l’immensité désertique… Elle se sent responsable et fuit. Une caravane l’emporte vers Dakar. Saisie d’une espèce de délire sensuel, Kit découvre l’amour charnel avec un jeune Arabe, puis avec un Noir. Elle découvre le dénuement complet, de corps et d’esprit. À en perdre la raison. Kit ira au bout de son voyage, à n’en plus revenir.
Un thé au Sahara, Paul Bowles, Gallimard, 2007, 290 p.
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