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À malin, malin et demi · Richard Russo

 

Après notre lecture commune de Un homme presque parfait, nous avons décidé de remettre ça avec Richard Russo. Sachant que À malin, malin et demi était la suite de Un homme presque parfait, j’ai sauté sur l’occasion pour retourner à North Bath.
 
Depuis Un homme presque parfait, une dizaine d’années ont passé. À North Bath, les usines sont toujours désaffectées, les rideaux des boutiques encore baissés. À cela s’ajoute une odeur pestilentielle portée par le vent.
 

Sully a maintenant soixante-dix ans. Sa chance a tourné. Il a gagné au jeu, il a profité de la vente de la propriété de son défunt père et il a hérité de la maison de Mlle Beryl. En plus de son genou douloureux, il est maintenant fragile du coeur. Selon son médecin, il ne lui resterait tout au plus que deux ans à vivre. Cest toujours le même Sully, seulement plus âgé, plus lent, plus prudent et moins rauque. Ici, Sully n’occupe plus le devant de la scène. Le grassouillet et dégarni Douglas Raymer, chef de la police locale, prend la place. Le pauvre est obsédé par la mort de sa femme. Il est convaincu que la télécommande de garage quil a trouvé dans sa voiture le conduira tout droit chez son amant. Raymer démasquera-t-il celui pour qui sa femme sapprêtait à le quitter?

Quel plaisir de retrouver les habitants de North Bath pour un petit quarante-huit heures bien remplies. Plusieurs personnages de Un homme presque parfait sont de retour. Des personnages lumineux, un brin disjonctés, terriblement attachants. Les bons sont récompensés et les mauvais punis. La représentation des habitants de ce petit patelin est toujours aussi émouvante et drôle. La vieillesse et le temps qui passe, l’amour, la mort, la solitude et la dissolution des liens sont au cœur du roman. Les passages épiques alternent avec de plus émouvants. Le style de Richard Russo, avec ses images et ses dialogues inspirés, est toujours aussi mordant. Les incidents – voire accidents – farfelus et macabres déboulent. Quand ce n’est pas un mur de l’usine qui s’effondre, ce sont les serpents qui envahissent les rues. La fin au goût de guimauve était en deçà de mes attentes. Mais rendue là, ça n’a plus grande importance. Le tout l’emporte sur la partie. Richard Russo n’est sans doute pas le meilleur assembleur de mots, mais il est un créateur de monde incomparable. Dé-lec-ta-ble, encore une fois.

C’était une lecture (presque) commune avec Ingannmic, Krol, The Autist Reading et Popup Monster.
À malin, malin et demi, Richard Russo, trad. Jean Esch, 10-18, 2018, 720 p.
 

Rating: 4 out of 5.

18 comments

  1. Tiens, je ne me souviens pas de la fin… Je garde en revanche de cette lecture des images improbables (les cercueils qui dévalent la colline, ou les serpents, oui !!), et la joie d'avoir fait la connaissance de ce petit monde si vivant…Merci pour ta participation, Miss, Valentyne a lu le même titre que toi, avec visiblement autant de plaisir !

  2. Je suis tout à fait d'accord avec ta phrase : \ »Des personnages lumineux, un brin disjonctés, terriblement attachants.\ »Bonne journée

  3. Je vois bien à quel épisode fait référence ta photo d'en-tête, mai j'ai beau regarder attentivement, je ne vois aucune trace d'un quelconque monsieur en caleçon tentant de se caleter 😀

  4. Après ma lecture du Pont des soupirs qui, visiblement, n'a séduit que moi, je lirais volontiers Un homme presque parfait et celui-ci… parce que je suis sûre qu'ils me plairaient étant donné que l'auteur m'a déjà mis dans sa poche. Et je te rejoins complètement sur le créateur de monde incomparable et pas forcément le meilleur assembleur de mots. J'ai plongé dans son univers avec une facilité déconcertante.

  5. Quant à moi, je vais aussi poursuivre avec Russo. Et je vais tenter \ »Le pont des soupirs\ », histoire de me faire ma propre idée. Qui sait, il saura peut-être me séduire, moi aussi…

  6. Il était vraiment trop difficile de trouver LA photo avec le monsieur en caleçon. Les seules photos trouvées (abdos à profusion) ne cadraient pas trop avec la représentation que j'ai du monsieur en question!

  7. J'ai bien l'impression que cette phrase pourrait s'appliquer à l'ensemble des personnages de son oeuvre. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'apprécie tant son univers.

  8. C'est tout à fait réjouissant, ce rendez-vous auprès d'un même auteur. Alors que j'ai déjà oublié un grand pan de l'histoire, ce sont les images improbables qui, comme toi, me restent en tête. Marquant!

  9. Un auteur qu'il faut absolument que je découvre! Il est sur ma liste depuis un moment déjà. En tous cas, ravie de te lire de nouveau 🙂

  10. Voilà un auteur qu'il me reste à découvrir… Et ça tombe bien, j'en ai un dans ma pal \ »Un rôle qui me convient\ ».

  11. Il me le faut ! il me permettra de tourner la page sur ces retrouvailles ratées avec l'auteur (Sunalee a bien mieux exprimé que moi les bémols du Pont des soupirs) mais j'attends un peu, pour le retrouver plus tard là j'ai plein de bonnes lectures qui m'attendent

  12. Ce sera une belle découverte. Je pense que peu importe quel roman tu lis (ou presque), l'univers de Russo est un grand bain de réconfort.

  13. Le seul hic, avec Russo, c'est qu'il écrit des pavés! C'est parfois un avantage (en période de confinement, par exemple), mais c'est aussi un désavantage (en période de rentrée littéraire). Lorsque le bon moment est là, il faut plonger. Son univers est tellement immersif et réconfortant.

  14. Avec moi, Richard Russo, ça le fait toujours. J'aime ses losers sympathiques. Bon, je ne suis pas certaine que ce soit la lecture idéale pour moi en ce moment, mais il est bien noté!

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