Mon premier coup de cœur de la rentrée. Il en fallait un premier et c’est celui-ci!
Bernice Meetoos, alias Birdie, vient d’arriver à Gibsons, en Colombie-Britannique. Cette jeune femme crie aimerait bien y croiser Pat John, l’acteur autochtone qui a joué Jesse dans la série The Beachcombers, une émission de télé canadienne populaire dans les années 70-80. Pat John lui a toujours fait de l’effet… Mais d’abord, Birdie doit se trouver du travail et un endroit où vivre. Lola, propriétaire d’une boulangerie, l’engage et lui loue le petit logement du dessus.
Un jour, Birdie s’étend sur son vieux lit et ne se lève plus. Elle s’absente, de plus en plus longtemps et de plus en plus loin… Une coquille vide. Durant ces absences, Birdie revisite son passé. De son enfance à Loon Lake, en Alberta, de son passage en famille d’accueil, en hôpital psychiatrique, puis de sa vie dans la rue, à Edmonton. De son obésité, porté comme une armure protectrice; de sa mère Maggie, partie quand sa fille était adolescente; de son oncle vicieux, de qui elle trouvera le moyen de se venger.
Pourquoi personne n’habitait jamais chez les oncles? Le silence engloutissait tout autour d’elle. Il a d’abord envahi la cuisine, imprégné les rideaux, rongé le prélart. Puis, il s’est répandu dans le frigo. C’était comme une mauvaise médecine. À cause de lui Freda s’émaciait; Bernice grossissait; Maggie disparaissait.
Appelées en renfort, la cousine Freda et la tante Val débarquent pour veiller la jeune femme. Oscillant entre le rêve et la réalité, Bernice saura-t-elle se délesté des fantômes de son passé? Ou étouffera-t-elle sous leur poids?
Tracey Lindberg construit un récit gigogne dont elle tire les ficelles avec un doigté de maître. Tout au long du roman, le passé et le présent s’entremêlent, l’état de rêve et d’éveil se côtoie. J’ai dû m’accrocher, au début. J’avoue que j’en ai arraché. Mais une fois embarqué dans le wagon, je ne voulais plus en descendre. La temporalité, comme la chronologie, sont malmenées. Les souvenirs de Birdie prennent des détours et des chemins de travers. Il y a l’existence fracassée par les abus sexuels, le rejet et la vengeance. Mais il y a aussi l’amour, la complicité et les traditions. Chaque femme du roman déroule le fil de son histoire sans que le trait soit forcé.Les hommes passent un mauvais quart d’heure. Mais à agir en écoeurant, on ne peut qu’attendre de se faire traiter en écoeurant!
Le style de Tracey Lindberg étonne d’inventivité. L’écriture, dense et fougueuse, parsemée de touches d’humour noir, m’a prise dans ses filets. Birdie surprend, émeut. Les sujets abordés touchent direct au cœur, sans jamais effleurer ni le pathos ni les stéréotypes. En plus de dresser un portrait sans fard de la situation actuelle des Autochtones, Birdie explore la capacité des femmes à surmonter les traumatismes du passé, à guérir et à aller de l’avant. Le premier roman de Tracey Lindberg me donne envie de me lever et d’applaudir.
Birdie, Tracy Lindberg, trad. Catherine Ego, Boréal, 2018, 344 p.
© unsplash | Spencer Watson
Il me tente carrément! Je commence à m'habituer aux récits où la narration de la chronologie est malmenée et où il faut s'accrocher !
Tout comme Fanny, ton avis me donne vraiment envie de le découvrir! Une histoire de femme comme je les apprécie!
Ton billet me donne encore plus envie de le lire. Un peu peur pour la chronologie quand même 😉
Mais ça m'a l'air tout à fait fascinant comme roman !! Même si les sauts temporels m'effraient !
Comme tu n'arriveras pas à mettre la main dessus en Belgique et si ça ne te dérange pas de lire mon sp, je te l'amène au Festival.
très alléchant !
Je vais en amener un exemplaire au Festival et je le ferai tirer entre Fanny et toi le samedi soir!!! On risque de bien s'amuser!
Si tu arrives à te laisser porter par la narration (ce dont je ne doute pas), tu arriveras au bout dans l'temps d'le dire!
Oui, il est fascinant. Du moins, il a réussi à bien m'emporter. Les va-et-vient sont plus impressionnants que dérangeants. On s'y fait vite!
Trop chouette! 🙂
ha ha! bonne idée! 🙂
j'ai pas commenté ? bref, ravie que tu aies aimé, tu l'as tellement attendu et je t'ai aussi pas mal bassiné avec ! j'ai un nouveau gros gros coup de coeur … vivement le festival !
Cool !
Quel enthousiasme ! Forcément ça donne envie. Très, très envie même.
Je déborde d'enthousiasme pour ce premier roman. D'autant plus que je ne m'attendais pas à ça. Mon pôvre, tu devras te tourner les pouces, le roman n'étant pas distribué en France!
Ma patience a largement été récompensé.Ton nouveau gros coup de coeur… l'auteure serait-elle Katherena Vermette, par hasard?
Malheureusement pour toi, ce roman n'est pas distribué en France. Il faut bien quelques avantages à vivre au Québec!
J'ai ajouté Birdie après avoir lu The Break (Ligne brisée) que j'ai adoré (comme Electra). Tu confirmes mon choix.
Avec le billet de Jackie et le tien, je viens de faire le plein de Native American women ! Je m'en pourlèche les babines à l'avance 😀
Et moi, j'ajoute \ »Ligne brisée\ » dans ma liste à lire d'urgence!
Il est fabuleux, tu verras. Et moi, question plein de Native American women, j'ajoute \ »Ligne brisée\ » à ma liste!