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Bureau des spéculations · Jenny Offill

Elle tombe amoureuse, se marie, tente d’écrire, devient mère, puis regarde son mariage imploser. Pour finir, elle tente de recoller les morceaux. Si je veux être de mauvaise foi, je dirais que ça pourrait se résumer à ça. On parle de la radiographie d’une histoire d’amour. J’ai pris plaisir aux phrases bien tournées, simples et efficaces. Mais une fois arrivée au bout du roman, je me suis dit: «Ok…. mais encore?» L’architecture du roman peut sembler audacieuse. Ou brouillonne. Tout dépend de la façon dont on décide de recevoir ces mots. Pour ma part, j’ai trouvé qu’il y avait trop de lousse. Du flottant, du décousu. Rien à quoi s’agripper. Des bribes de pensées, des anecdotes, des maximes, un test de personnalité. Un roman tout en fragments, bourré de références (Coleridge, Rilke, Zweig, Kafka, Yeats, le cosmonaute Vladimir Komarov, un peu de bouddhisme zen et de stoïcisme).

Conseil aux épouses aux alentours de 1896 : La lecture immodérée de romans est une des habitudes les plus pernicieuses à laquelle peut succomber une femme mariée. Outre les idées fausses qu’elle propage sur la nature humaine… elle génère une indifférence à l’accomplissement des tâches ménagères et du mépris pour les banalités de la vie quotidienne.

Exercices de la pensée offert gracieusement par les stoïciens : Si tu es las de ce que tu possèdes, imagine que tu l’as intégralement perdu.

Comment est-elle devenue une de ces femmes qui portent un pantalon de yoga toute la journée ? Elle qui se moquait tant de ces gens-là. Avec leurs cartes du bonheur et leur journaux pleins de gratitude et leurs sacs en pneus recyclés. Cela dit, en vieillissant, on se rend compte qu’il y a de moins en moins de choses dont on peut se moquer car, en définitive, on ne sait jamais ce qui nous attend.

J’espérais un grand ménage existentiel, j’ai trouvé des fragments de vie raboutés. Les coliques du bébé, les punaises de lit, va encore. Mais les couinements de la femme trompée ont le don de m’exaspérer. Et il y en a trop à mon goût par ici.

Bureau des spéculations, Jenny Offill, trad. Edith Ochs, Livre de poche, 2015, 160 p.

Rating: 2 out of 5.

12 comments

  1. Quel dommage! Vas-tu tout de même lire le suivant à sa sortie? J’aime bien la
    couverture, mais ce n’est qu’une promesse futile je sais…

    1. Oui, je compte lire son prochain roman, sujet aidant! De plus, elle laisse tomber, dans ce roman, son écriture fragmentaire. Ça devrait m’aider!

      Quant aux promesses entrevues par les couvertures… Il y a une maison d’édition québécoise dont les couvertures me plaisent beaucoup. J’ai tenté le coup d’au moins dix romans au fil du temps. Ça tombe toujours à plat. Toujours! À une exception près et ce n’était pas un coup de coeur. Toujours déçue, je suis. Depuis peu, j’ai fait une croix sur les ouvrages de cette maison. Mais je me force à fermer les yeux pour ne pas flancher!

  2. 100 fois pas pour moi! J’avais accroché un peu sur le début de Atmosphère dans ton texte (les bibliothèques et histoires de bibliothécaires ça m’attire forcément) sauf que… Bof. Pas sûre. Surtout qu’on n’a pas besoin d’être bibliothécaire à Brooklyn pour en voir de toutes les couleurs… et je ne suis pas sûre d’en avoir envie! 😀

    1. Je n’ai pas lu Atmosphère. Il paraît à la rentrée. J’espère qu’il sera loin, dans la forme, de Bureau de spéculations!

    1. Je mise beaucoup sur Atmosphère, à paraître à la rentrée. Il sera assurément différent de Bureau des spéculations, dont la construction fragmentée m’a plutôt déçue. C’est donc une histoire à suivre!

  3. « Mais les couinements de la femme trompée ont le don de m’exaspérer » merci pour le fou rire ! je savais que tu n’avais pas eu le coup de coeur ! ah oui, il y a des maisons avec qui ça ne passe pas .. je connais ça ! mais plein d’autres avec qui ça va !

    1. La liste de mes exaspérations littéraires commence dangereusement à s’allonger! Après les poupées gonflables, les rêves, les musiciens classiques et les peintres, v’la que j’ajoute les couinements de la femme trompée!

  4. J’attends donc ton retour avec impatience.

    Les couvertures… j’essaie de ne pas me faire avoir, mais il m’est aussi arrivé d’avoir des coups de cœur pour des romans à la couverture pas du tout attirante.
    Dans ton cas, on peut dire que tu as tout essayé!

    1. J’ai hâte à sa parution. Ainsi qu’une grosse dizaine de titres que je convoite en cette prochaine rentrée. Parmi ceux-ci, il y en aura assurément 5-6 qui feront mon bonheur!

      Ah, les couvertures! Je te suis: il m’est aussi souvent arrivé de tomber en amour avec un livre dont la couverture ne m’attirait aucunement. Généralement, l’une (couverture) s’accole bien à l’autre (contenu), je trouve. Pour le reste, c’est une pure question de goût. J’ai pris mes distances avec certaines maisons aux couvertures renversantes de beauté (à mes yeux!), dont le contenu me déçoit tellement toujours que je n’ose plus prendre le risque!

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