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Défi · Roman publié l’année de notre naissance

De retour pour notre défi littéraire, à Electra et moi. Pour cette nouvelle fournée, c’est au tour d’un roman publié l’année de notre naissance (pour ma part: 1972). Parmi les deux choix proposés, j’ai choisi Mad de Daphné du Maurier. L’occasion était belle de découvrir l’auteure britannique.

Mad (diminutif de Madame), actrice de théâtre octogénaire, s’est retirée dans une grande propriété de Cornouailles avec sa petite-fille, son ancienne costumière recyclée en cuisinière et les six garçons qu’elle a adoptés.

Un petit matin d’hiver, la radio ne fonctionne plus, le téléphone est coupé et le facteur ne passe plus. Un navire de guerre est amarré dans la baie. Des soldats américains marchent vers la maison. Suite au retrait de la Grande-Bretagne de la Communauté européenne après un référendum, le Royaume-Uni a décidé de former une alliance avec les États-Unis. L’EURU devrait changer la face du monde. Un chien meurt, un soldat disparaît, les barrages routiers apparaissent, les vivres et l’eau sont rationnés. Bref, ça va mal. De plus en plus mal.

Pour une surprise, c’en est toute une. Et une belle, à part de t’ça. Au-delà de la portée politique, cette uchronie m’a fait passer un moment de lecture captivant. La diversité de personnages au caractère bien défini, la richesse des interactions – ça complote, ça s’astine à tour de bras –, m’ont enchantée. Mad est un personnage savoureux. Daphné du Maurier présente un très beau portrait de femme âgée vigoureuse. La dame porte le roman sur ses épaules. Un autre personnage marquant, c’est l’ermite au grand cœur qui vit seul dans sa cabane en forêt. Le genre de bonhomme qu’on aimerait avoir comme voisin! Chacun des garçons adoptés par Mad a subi une forme de tragédie dans sa vie. Cette fratrie recomposée est d’une belle richesse. Chaque garçon est un archétype à lui tout seul. Andy, par exemple, c’est l’aventureux qui aime grimper sur le toit de la maison pour tirer à l’arc. Sam, lui, est plutôt obsédé par le sauvetage des animaux blessés. La petite amourette entre la bonne Anglaise et le méchant Américain est divertissante et, heureusement, assez secondaire. La dissension sociale – les résistants d’un côté, les collabos de l’autre –, est très bien rendue. Les masques tombent et les vraies natures apparaissent.

La traduction est vitaminée à mon goût. Les pics d’humour et d’ironie apportent de la légèreté à l’ensemble. Plusieurs ont qualifié ce dernier roman de Daphné du Maurier comme étant particulièrement mauvais. Quoique je n’ai jamais lu ses chefs-d’œuvre, je ne partage pas l’avis de ces plusieurs! D’autres plusieurs ont fait un parallèle entre Mad et le Peter Pan de Barrie. Il est vrai que les deux œuvres ont comme point commun de porter à bout de bras la liberté et le non-conformisme. Et ne serait-ce que pour ça, ce roman est à lire.

Il était temps qu’une lecture issue de ce défi m’apporte joie et enthousiasme! Mission accomplie.

Mad, Daphné du Maurier, trad. Maurice-Bernard Endrèbe, Livre de poche, 1990, 377 p.

Rating: 3 out of 5.

13 comments

  1. Je ne m’étais jamais intéressée aux romans parus l’année de ma naissance, maintenant, j’en connais deux. J’avais beaucoup aimé « Rebecca » de Daphne du Maurier mais je n’ai rien lu d’autre de cette autrice.

    1. Il s’agissait d’un thème plus inusité pour notre challenge. C’était fort intéressant de découvrir la richesse et la diversité des titres.

      Tu imagines bien que je compte maintenant lire Rebecca!

  2. Ce n’est peut-être pas le chef d’oeuvre de Du Maurier, mais je l’avais trouvé quand même pas mal. Bon, il faut dire que je suis une inconditionnelle, et je lui pardonne à peu près tout. Rebecca est bien sûr à lire, mais aussi Ma cousine Rachel, Le général du roi et L’auberge de la Jamaïque ( oui, ça fait beaucoup !)

    1. Je l’ai trouvé vraiment pas mal. D’autant plus que je n’avais aucune attente. J’ignorais que tu étais une inconditionnelle. Je compte évidemment lire Rebecca et poursuivre ensuite. Merci pour cette liste de suggestions.

  3. J’ai participé il y a quelques années à un défi autour de cette auteure, à l’occasion duquel j’ai découvert entre autres ce titre, que j’avais aimé aussi, notamment pour son aspect visionnaire… certes pas son meilleur titre, mais un roman plaisant. Hormis ses « grands classiques », j’avais beaucoup aimé La maison sur le rivage.

    1. J’ai vraiment aimé ce titre. Alors, j’imagine bien le reste! Ça ne sera pas long avant que je poursuive ma découverte d’autres titres de cette auteure incontournable. Maintenant que la glace est brisée…
      Je note La maison sur le rivage. Déjà, ce titre est fort évocateur.

  4. ah enfin ! chanceuse ! bon, ma lecture est juste repoussée, et ce que j’ai lu jusqu’ici me plaisait beaucoup. J’étais curieuse pour ce roman, car je dois encore lire Du Maurier. Du coup, je vais sans doute me procurer celui-ci en anglais 😉

    1. C’était une découverte fort passionnante. Je sens qu’entre Du Maurier et moi, l’aventure s’annonce plus que prometteuse! Merci pour ça.
      Ravie de savoir que ta lecture est juste repoussée, plutôt qu’abandonnée…

  5. J’aimerais la découvrir mais je suis plus tentée par Rebecca.

  6. C’est mon année aussi ! J’aime bien aussi cette auteure et je connaissais pas ce livre..Je note donc!

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