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Idol · Rin Usami

Back view of crowd of fans watching live concert performance (4)

Une discussion avec Electra finit souvent par me coûter cher! Elle serait une redoutable libraire. Elle arrive à présenter le plus insignifiant roman comme un chef d’oeuvre. La magie a opéré avec le pitch qu’elle m’a fait du roman japonais de Rin Usami. Sitôt notre appel terminé, j’ai prétexté une marche avec la saucisse pour faire un détour à la librairie. Je l’ai lu d’une traite un dimanche après-midi neigeux. 140 pages écrites en gros caractères, ça se lit dans l’temps d’le dire!

Akari, 17 ans, voue un culte au chanteur Masaki Ueno, membre du groupe Mazama-za. Elle construit sa vie autour de sa passion pour son idol. Elle va au lycée, alimente un blogue nourrit par les faits et gestes de Masaki et travaille à temps partiel dans un restaurant. Son maigre salaire lui sert à se payer des places de concert et à se procurer des produits dérivés liés à son idol: CD, DVD, livres, réveil-matin. Sa passion ne la rend pas pour autant heureuse.

J’ai du mal à faire les gestes du quotidien que maîtrise tout le monde, et j’en souffre beaucoup. Soutenir mon idol était le centre absolu de ma vie, la seule chose dont je ne doutais pas. Le centre de ma vie ? Peut-être plutôt ma colonne vertébrale.

L’univers d’Akari s’effondre le jour où Masaki est accusé d’avoir frappé une fan. Elle perd pied. Déjà peu douée pour vivre debout sur ses deux jambes, elle va désormais se résoudre à ramper à quatre pattes.

J’ai terminé ce roman parce qu’il était court et qu’il m’a coûté 27,95$. Un point positif? Il se lit vite.

Le roman décrit assez bien la façon dont l’industrie du spectacle et les réseaux sociaux mettent tout en oeuvre pour rentabiliser l’engouement des fans. Il dresse un tableau réaliste du monde des fandoms. Le sujet, intéressant, avait beaucoup de potentiel. Mais voilà, le traitement reste tellement en surface que je suis restée sur ma faim.

Akari parle tout du long. Elle porte le roman. C’est clair qu’elle ne va pas bien. Neuroatypique? Dépressive? Je l’ignore. Elle s’est toujours sentie différente, pesante. Mais encore? Il y a trop de pistes inexplorées. J’aurai aimé comprendre comment sa passion est devenue à ce point dévorante qu’elle l’a rendue dysfonctionnelle. Qu’est-ce qu’elle aime tant, chez ce Masaki? En gros, je regrette le manque de profondeur. Il y aurait eu tant à explorer…

Idol, Rin Usami, trad. Sophie Refle, Philippe Picquier, 2023, 144 p.

Rating: 2 out of 5.

11 comments

  1. C’est intéressant de lire un avis qui va à l’opposé de celui d’Electra, ce qui ne m’empêchera pas de le lire et de déterminer mon propre point de vue sur le roman. J’ai comme une idée vers quel côté mon avis va pencher, mais on verra bien !

  2. Intéressant ! Moi au contraire, je n’ai pas eu l’impression que le roman était trop court ou en surface, suis-je devenue Japonaise ???? Surtout que si tu ne le dis pas, Akari va évoluer et va avoir une réelle prise de conscience – la manière dont elle comblait ce vide abyssal. Pour la partie fandom, comme tu le sais, je suis passionnée par ce sujet (moi je ne vénère que les artistes morts) car l’industrie asiatique en a fait des produits et l’engouement des jeunes est très significatif. Bref .. désolée, d’être si bonne vendeuse !

    1. De toute évidence, je n’ai pas lu le roman avec la même sensibilité que toi. Je n’ai pas senti d’évolution, ou si peu. Elle termine quand même le roman à quatre pattes. Régression plutôt qu’évolution?

      Je te l’accorde, la partie fandom est bien détaillée. On comprend bien le phénomène et son ampleur.

      Continue d’être bonne vendeuse. Souvent, ça porte fruit!

    1. J’ai noté ce roman lors de notre dernier échange. Le pitch est trop tentant.

      J’attends de le trouver à plus petit prix (là, à 50$, je le trouve un brin trop cher).

  3. Lire de la littérature japonaise me questionne toujours, soit je passe à côté et je m’ennuie, soit ça m’énerve parce que je ne comprends rien aux personnages. Bref je passe sans regrets.

    1. Je suis bien placée pour te comprendre. J’avais mis un X sur la littérature asiatique dans son ensemble. Puis, un titre lu, puis un autre, m’ont ouvert un univers qui me sort de mes sentiers battus. À petites doses, et surtout bien sélectionnés, certains romans peuvent se révéler passionnants.

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