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Les animaux · Christian Kiefer

Bill Reed ne l’a pas eu facile. Mais depuis quelques années, on peut dire que la vie est plutôt bonne avec lui. Fervent défenseur des animaux, il est responsable d’un refuge légué par son oncle. Ce refuge bâti au milieu d’une nature sauvage dans le nord de l’Idaho accueille des animaux blessés. Des accidentés, des pattes arrachés. On compte toute une ménagerie parmi ses protégés, dont Majer, un ours aveugle, et Zeke, un loup peureux. Bill file le parfait amour avec Grace, la vétérinaire du coin. Ils comptent même se marier. 

Si ce n’était de l’agent de la faune qui vient lui chercher des poux, la vie de Bill serait presque parfaite. 

Mais voilà que l’équilibre péniblement acquise risque fort de vaciller. Le retour de Rick, fraîchement sorti de prison, ramène Bill à sa vie d’avant, une vie qu’il voudrait bien oublier. Ça se passait avant, une bonne décennie plus tôt. 

Bill – qui s’appelait à l’époque Nat – et Rick étaient les meilleurs amis au monde. Ils ont grandi dans le même parc de mobile homes. Ils ont bourlingué à Reno, dans le Nevada, y faisant les quatre cents coups. Des petits crimes, des dettes de jeu… Ce qui devait arriver arriva: Rick s’est fait prendre. Douze ans derrière les barreaux. Bill non. Il change de vie et trouve refuge chez son oncle dans l’Idaho. 

Le retour de Rick menace de faire remonter à la surface les secrets du passé. Bill est prêt à tout pour que les secrets restent bien enfouis là où ils sont. La tension monte entre les deux hommes, l’étau se resserre et ce qui risque d’arriver arrivera…

Comment aurais-je pu résister à ce roman? Tous les ingrédients – nature, animaux, personnages cabossés – étaient présents pour que je le savoure à m’en lécher les babines. J’ai apprécié cette construction qui entremêle habilement le passé et le présent, passant de la troisième personne à la deuxième sans aucun accro. Les personnages sont d’une grande richesses, savamment nuancés. La tension, qui ne cesse de monter, amène le va-et-vient des décennies à entrer en collision. La dualité est omniprésente: la chaleur du désert de Reno et le froid des montagnes de l’Idaho; la nature sauvage et la ville; la loyauté et la trahison. Le style de Christian Kiefer est magnétique, addictif. Certaines images sont tout simplement saisissantes (les cris d’un orignal blessé, les yeux implorants d’un grizzly). J’ai retrouvé une atmosphère à la Ron Rash entre ces pages.

Le passé nous rattrape-t-il toujours? Est-il toujours possible de prendre un nouveau départ? A-t-on toujours droit à une deuxième chance? Maintes questions dont les réponses peinent à être trouvées…  Les animaux est le deuxième roman de Christian Kiefer et le premier traduit en français. Si ce premier roman est de la même qualité que celui-ci, vivement sa traduction!

Les animaux, Christian Kiefer, trad. Marina Boraso, Albin Michel, 2017, 400 p.

Rating: 3 out of 5.

24 comments

  1. ❤ ❤ ❤ Ahhh ! je savais que tu ne pouvais qu'aimer !! Il est excellent hein ? Vivement le prochain roman traduit de cet auteur (qui en plus est adorable à laisser des petits mots sur les blogs !! )

  2. Tu as tout à fait raison! Sortir de sa zone de confort est parfois bénéfique. Tu te souviens que c'est grâce à toi que j'ai lu le précieux roman de Yasmine Ghata. Sans toi, je serais passée à côté!

  3. J'attends mon petit mot, moi aussi!!! Sans blague, il est excellent. Et oui, vivement le prochain. L'idée du refuge était bien trouvée pour développer le fond de l'intrigue. Ça change!

  4. j'arrive après tout le monde, mais je savais que tu avais entamé la lecture peu de temps après moi ! Bon ravie de voir que tu as été enchantée (mais sinon je n'aurais pas compris vu l'histoire..) ! et tu l'as eu ton petit mot 😉

  5. Évidemment que je l'ai aimé. Me connaissant, qu'est-ce que tu croyais?! (C'est vrai que j'ai pu te surprendre à l'occasion avec mes quelques déceptions…)Qu'il est charmant, cet homme, de laisser des petits mots sur les blogues français. Un auteur attentionné comme j'aime.

  6. Un orignal et un grizzly ! Heureusement que tu n'as pas mentionné des lagopèdes à queue blanche, sinon je me voyais déjà brouter au milieu de ces animaux, pages ouvertes sur la nature…

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