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Les caractéristiques de l’espèce · Nathan Sellyn

Les caractéristiques de l’espèce est LA pépite que j’attendais. LE recueil qui m’a tenu en haleine, les yeux collés aux pages du début à la fin. Pendant un mois entier de lectures de nouvelles, il fallait bien qu’un recueil se démarque du lot. Eh ben, c’est celui-ci! Nathan Sellyn n’avait que vingt-quatre ans lorsqu’il a publié ce recueil. D’être parvenu à un tel niveau de maîtrise force l’admiration. Fait non négligeable, il a étudié à Princeton, supervisé par Joyce Carol Oates. Y’a pire comme début!

Les treize nouvelles du recueil sont ancrées tantôt à Vancouver, tantôt à Toronto, tantôt à Montréal. C’est d’une violence crue, à vif. Pourtant, à aucun moment, la brutalité ne m’est apparue gratuite. La vengeance, la rage, l’homosexualité et l’homophobie, l’intimidation, la culpabilité, la peur, la honte et l’incommunicabilité sont autant de sujets abordés. L’agression sauvage et gratuite d’un étudiant («Mauvais lac pour la pêche») ou le suicide d’un homme dans un Home Depot («Vous voulez gagner») m’ont coupé le souffle. Les retrouvailles d’un père et de son fils, dans «À votre bon cœur», m’ont époustouflée. L’adresse avec laquelle il juxtapose une émission de téléréalité, du genre Loft Story sauce animalière, avec une attaque terroriste au centre-ville de Toronto, est tout simplement brillante («Les caractéristiques de l’espèce»).

Nathan Sellyn dissèque ses personnages, plonge dans leur intimité avec des phrases resserrées, sans gras. Il excelle à incarner des personnages riches et complexes avec une économie de mots impressionnante. Un geste, un regard, un silence et le décor est posé. Il aime ses personnages, les comprend. Son regard lucide dévoile leur vulnérabilité et leur fragilité. L’affection qu’il éprouve pour eux en devient contagieuse. Portées par une écriture taillée au cordeau, ces nouvelles et les personnages qui les habitent vont continuer de m’habiter encore très longtemps.

Comme moi, Electra et Séverine ont été conquises.

Les caractéristiques de l’espèce, Nathan Sellyn, trad. Judith Roze, « Terres d’Amérique », Albin Michel, 2009, 224 p.

Rating: 5 out of 5.

© Pexels | Nahmad

9 comments

  1. Merci pour \ »Une poule pondeuse hyperactive\ » j'ai un gros fou rire ! désolée, mais depuis si ça te rassure, pas eu le temps ni l'énergie de lire une seule ligne (journées en famille non stop). Ma sœur est dans l'avion pour SF – du coup, je me remets dans le bain ! pour revenir à Sellyn, tu sais à quel point j'avais aimé l'an dernier !

  2. Oui, je déborde d'enthousiasme pour ce recueil! Le premier (et dernier) recueil d'un jeune auteur Canadien, recueil parfaitement maîtrisé, du début à la fin. C'est assez rare pour le souligner!

  3. Bien joué! S'il fallait n'en noter qu'un, c'est bien celui-là! C'est tellement dommage qu'il n'ait rien publié depuis…

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