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Les optimistes meurent en premier · Susin Nielsen

Petula vient tout juste d’avoir seize ans. Depuis la mort de sa petite sœur – mort dont elle se sent grandement responsable –, elle est devenue réaliste et… pessimiste.

Les études démontrent qu’en général les optimistes meurent dix ans plus jeunes que les pessimistes. […] Vous pensez à tort que les choses vont se passer comme vous le voulez. Vous ne voyez pas le danger avant qu’il ne soit trop tard. Les pessimistes sont plus réalistes. Ils prennent plus de précautions. 

Elle fuit les microbes comme la peste – elle ne se sépare jamais de son gel antibactérien –, évite les ascenseurs, porte toujours des mitaines et un sifflet anti-viol, respecte à la lettre toutes les mesures de sécurité inimaginables. Les remords et la culpabilité la poussent à en prendre lourd sur ses épaules. Elle est au petit soin avec ses parents pour se faire pardonner.

Honnêtement, j’avais l’impression de m’occuper de deux employés amorphes. J’essayais constamment de les motiver à donner le meilleur d’eux-mêmes, mais ils se contentaient de faire le minimum. S’ils étaient mes employés, je les aurais congédiés il y a longtemps. 

Ses parents font de leur mieux pour combler le vide laissé par Maxine. Sa mère libraire devient une «madame à chats», hébergeant tous les matous rejetés. Son père passe le plus de temps possible au bureau, s’étourdissant dans le travail. S’étant brouillée avec sa meilleure amie Rachel, Petula se retrouve bien seule. Elle est forcée d’assister à des séances d’art-thérapie pour adolescents cabossés. Elle fait la rencontre d’autres écorchés. Ivan, devenue une boule de colère depuis que sa mère s’est noyée; Koula, une robuste toxicomane; Alonzo, rejeté par sa famille depuis sa sortie du placard. Chacun traîne son boulet. Et il y a Jacob, surnommé «l’homme bionique» depuis qu’il a perdu un bras dans un accident. Menteur chronique, claustrophobe, il cache sa culpabilité et ses blessures.

L’amitié est-elle possible entre ces ados meurtris? Et l’amour, dans tout ça?

Ce que je peux l’aimer, cette Susin Nielsen! Dans la pléthore de romans pour ados, elle n’a pas son pareil pour présenter des personnages singuliers, loin des stéréotypes, qui frappent le mur de la réalité. Avec des thèmes aussi lourds que la culpabilité, le deuil, l’anxiété, on peut s’attendre à une lecture larmoyante. Que nenni! Et c’est là toute la force et la magie qui se dégagent des romans de cette auteure canadienne. L’univers qu’elle dépeint est loin d’être rose bonbon, mais il ne fait jamais trop sombre entre ces pages. L’écriture de Susin Nielsen, empreinte de sensibilité et d’empathie, n’est jamais dénuée d’humour. Les ados qu’elle dépeint sont dégourdis et matures. Les adultes ne sont pas en reste: les parents de Petula sont originaux, vulnérables et faillibles. Dans Les optimistes meurent en premier, le premier amour se vit loin des clichés, les amitiés sont improbables, étant d’autant plus fortes et originales. À la fin du roman, chaque personnage aura fait un grand pas.

Comme dans On est tous faits de molécules, Susin Nielsen glisse, ici et là, des roman lus par les personnages, piquant du même coup la curiosité: ici, il est question d’Ann-Marie MacDonald, de Kate Atkinson, de La petite maison dans la prairie, de La sagesse dans le sang de Flanney O’Connor et du Violoncelliste de Sarajevode Steven Galloway. Un roman original et émouvant. Dans le genre, on ne fait pas mieux!

Les optimistes meurent en premier, Susin Nielsen, trad. Rachel Martinez, Courte échelle, 2017, 304 p.

Rating: 4 out of 5.

© unsplash | Rafal Jedrzejek

21 comments

  1. Tu vois, à cause de ce titre, je ne m'y serais pas intéressée (qu'est ce que ça m'agace ces titres à rallonge genre \ »prends du café et dis-toi que la vie est belle à la petite boulangerie d'à côté ou à la manufacture de chaussettes\ »……) mais peut-être, quand ma PAL aura fait régime !

  2. Je te rejoins sur les titres à rallonge (genre l'éléphant dans un frigo ou les crocodiles…) j'ai pensé à un roman feel good – c'est un roman jeunesse. Je sais que Marie-Claude adore ces romans, pas trop ma tasse de café…Pour Kate Atkinson, bon choix et j'ai très envie de lire Le Violoncelliste de Sarajevo..Ce roman me fait penser au film vu sur Netflix sur cette adolescente anorexique envoyée dans une maison accueillant d'autres jeunes à problème, j'avais bien aimé.

  3. Avec Susin Nielsen, c'est un coup de coeur quasi assuré. Elle a le doigté de lourdes problématiques d'ados avec une touche de légèreté. Des romans salvateurs…

  4. Si vous développez une curiosité pour les romans d'ados, Susin Nielsen doit impérativement passer entre vos mains.Pour les titres à rallonge, je n'ai rien à ajouter. Vous m'enlevez les mots de la bouche!

  5. Susin Nielsen à Montreuil? Punaise. Si je n'allais pas au prochain festival America, j'irais de nouveau à Montreuil. J'y suis allée il y a quelques années et l'aventure a été magique. Le seul hic: le poids de ma valise au retour!Pour Nielsen, tout est à lire. C'est aussi simple que ça!

  6. Je trouve que les deux couvertures sont vraiment réussies mais j'ai une petite préférence pour la tienne 😀 Je ne connais pas l'éditeur, \ »La courte échelle\ »? Je suis impatiente de le commencer! Bon, ok j'étais censée le commencer ce matin arghhhh!!

  7. La courte échelle est une maison d'édition jeunesse qui roule sa bosse depuis très longtemps.J'ai toujours eu une préférence pour les couvertures d'Hélium. Je trouve qu'elles touchent parfaitement du doigt l'essence des romans de Nielsen. BONNE LECTURE! J'espère que vous (Fanny et toi) serez aussi enthousiaste que moi!

  8. Une divergence d'avis aurait été étonnante. Comment un tel roman peut-il ne pas faire l'unanimité? Il faut lire tous les romans de Susin Nielsen! Tiens, je devrais postuler pour être son agente francophone!

  9. Je suis vraiment ravie qu'il t'ait plu. Le contraire m'aurait tout de même étonnée. Tu comptes poursuivre ta découverte des romans de Nielsen?

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