
Les raisins de la colère, donc.Cette saga familiale plantée au coeur de la Grande Dépression m’a jetée par terre. Les tribulations de la famille Joad embrassent large. Cette famille incarne ce que des milliers de personnes qui émigraient en Californie pour fuir la misère ont vécu. Ça commence dans la poussière, ça se termine sous une pluie torrentielle. Entre les deux, Tom Joad sort de prison et rentre au bercail. À son arrivée, sa famille se prépare à prendre la route. Il paraît qu’en Californie, on peut trouver du travail et qu’on peut manger à sa faim. C’est les prospectus publicitaires qui le disent! La famille Joad au grand complet quitte l’Oklahoma à bord d’un camion plein à craquer. En chemin, les péripéties et les rencontres se multiplient. Arrivé en Californie, le camion des Joad sera beaucoup plus léger qu’au départ…
Il y a des scènes terribles: sur la misère, sur la faim, sur l’impuissance et le désespoir. Il y a des passages de charges inouïes contre l’industrialisation, le capitalisme sauvage, les exploiteurs et les exploités. Il y a des dialogues épiques. Il y a des moments d’une cocasserie hilarante. Et toujours ce vieux camion brinquebalant qui incarne l’espoir et la liberté. Au milieu de cette avalanche de mésaventures se dresse Man, véritable mère courage, le phare de la famille. C’est elle qui tient sa famille à bout de bras, qui la pousse à ne jamais baisser les bras et à ne pas s’apitoyer sur son sort. Sans elle, plusieurs auraient rebroussé chemin ou seraient morts en pleurnichant sur leurs malheurs. Cette saisissante chronique sociale met des visages humains sur la crise économique de 1929. Publié en 1947, le roman de Steinbeckn’a pas pris une seule ride. Son actualité demeure bouleversante. Et moi, j’en reste bouche bée.
Les raisins de la colère, John Steinbeck, trad. Maurice-Edgar Coindreau et Marcel Duhamel, Folio, 1972 [1947], 640 p.
Mais oui, c'est évident! Les goûts changent, et dans mon cas ils s'affinent. Le temps de lecture étant limité (surtout à certaines périodes et je vais bientôt rentrer dans l'une d'elles), il faut aller à l'essentiel: des livres qui exploitent nos sujets de prédilection, même si dans l'absolu, l'expérience de la lecture est là pour ouvrir à toutes les cultures et les civilisations. Personnellement, j'ai développé un goût pour les livres sur la nature – qui à 20 ans m'auraient ennuyée! En revanche, j'ai toujours été attirée par les livres sur la 2ème guerre mondiale et les années n'ont fait que renforcer ce trait.
Je rejoins Véronique, pour ma part, je n'ai jamais été intéressée par les livres de \ »développement personnel\ » (tu le sais!) et si j'ai tenté le coup, j'ai détesté (comme je déteste les groupes de paroles) mais avec le temps et l'âge on finit par bien se connaître et je comprends que tu n'aies plus besoin de ce genre de lectures …pour les raisins, étudié un peu à la fac mais jamais lu en entier, je te l'ai en diagonale car je dois encore le lire !et enfin, un GROS \ »M'ENFIN !!!!\ » nous sommes LUNDI !! un billet le lundi ??????
Ah !! Je suis tellement contente ! Tu sais que Les raisins de la colère est mon livre préféré 🙂 Celui là, je l'ai adoré à 20 ans, à 25 ans, à 30 ans et à 45 ans. Et oui, il y en a beaucoup qui me décevraient aujourd'hui certainement. Mais tellement qui vont me réjouir !
Je crois que les goûts changent, mais aussi, dans mon cas, mes lectures se sont affinées. J'ai lu plein de choses, j'ai essayé plein de choses et avec le temps j'ai su ce que j'aimais vraiment lire. Je prend moins de risques, mais je lis de meilleurs livres, du moins pour moi. Et c'est plus de ça dont j'ai envie. Lire de bons livres qui correspondent à mes goûts. Cependant, ma propension à lire de tout les styles et de tous les genres n'a pas changé. Je le faisais petite, je le faisais à l'adolescence, je le fais toujours. Par contre mon idée sur certaines choses n'a pas changé. Le livre d'Alexie Morin ne m'aurait pas tentée il y a 20 ans, même si je me cherchais aussi et aujourd'hui, il ne me tente pas plus… L'autofiction, c'est pas mon truc. Par contre j'ai le Steinbeck dans ma PAL. J'attends le bon moment 😉
Steinbeck chouchou, oui!!! Oui, les goûts changent, du Steinbeck donc ,du vieux classique aussi mais surtout du nature writing, de la non fiction , du 'sérieux' peut être (et une BD de temps en temps ou du plus léger) voilà mon programme.
L'autofiction m'énerve : il y a tant à inventer ! Pourquoi ce besoin de faire tourner un livre autour de soi et, surtout, croire que ça va intéresser le monde … ? Sinon, pour l'évolution des goûts : je remarque que je suis beaucoup moins intéressée et sensible aux Grandes Histoires d'Amour (les majuscules sont importantes). Moins midinette quoi ! Ce n'est plus ce que je recherche, limite s'il n'y a que ça, ça ne m'intéresse pas. J'ai envie et besoin d'imagination, d'évasion, et je suis très sensible aux romans qui parlent de maternité … ça évoluera encore sûrement !
Je suis d'accord avec toi concernant notre maturité de lecture. Egalement dans la mi-quarantaine, j'ai observé cette lente évolution de mes gouts en matière de lecture. Autant la SF (et la fantasy) ont éclairé mon quotidien de vingtenaire-trentenaire, autant les romans sociaux-ruraux-nature writing m'enchantent aujourd'hui. Je comprends tout à fait. De toute façon \ »les raisins de la colère\ » se trouve tout en haut de la pile à lire de ma table de chevet. Raison de plus de le débuter. Merci Marie !
J'ai lu Les raisins de la colère assez jeune (avant mes 20 ans je crois, c'est dire si ça remonte !) et j'avais été transportée, comme par A l'est d'Eden.. ce sont deux titres que j'ai d'ailleurs l'intention de relire un jour…
J'ai toujours aimé connaître la vie des gens, celle qui ne se dit pas mais qui s'écrit, comme une confidence, donc j'aime les biographies, les autobiographies et puis oui, l'autofiction. C'est souvent pour mieux écrire, ou écrire différemment ou voir comment les \ »jeunes\ » (tout le monde est plus jeune que moi) écrivent aujourd'hui. Il faut dire que les éditeurs rajeunissent eux aussi et cherchent à rejoindre un lectorat de 20-40 ans. Sans doute. Personnellement, ce sont les histoires qui tournent autour d'une guerre (seconde mondiale surtout) que je ne suis plus capable. Mais, en effet, on lit différemment à chaque passage de nos vies.
Je l'ai lu il y deux ans Les raisins de la colère et j'en garde toujours un souvenir très puissant. C'est l'image des patates jetées dans la rivière pour que les pauvres gens ne puissent les prendre pour se nourrir qui m'a foutu un coup. Et puis la poésie qui se dégage à chacun des chapitres contre l'industrialisation et la société capitaliste. Heureusement que ce livre existe !
Oh que oui, les gouts changent ! et c'est peut-être le signe d'une maturité de lecteur ?Je ne lisais pas les littératures étrangères il y a 20 ans de ça…et maintenant, je suis ravie de plonger mon nez dans la littérature américaine ou italienne (et d'autres encore, mais bizarrement je ne lis plus de japonais).Je lisais aussi beaucoup de biographies, de romans historiques et de polars ésotériques, ça m'est presque passé !Par contre, le genre policier, j'aime toujours autant sauf que je suis plus exigeante dans mes choix (je ne pourrais plus lire un Mary Higgins Clark !).Et pour ceux que je n'aime pas, là, je crois que je ne changerai pas d'avis ! Ni chicklitt, ni Musso-Lévy et compagnie ;o)et sinon, Steinbeck sera sûrement au programme chez moi aussi cette année, avec John Fante.
Oh oui que les goûts changent… ceci dit, je relis avec plaisir ce que j'ai aimé ado… mais en me remettant dans la peau de celle que j'étais. Avant, j'étais plus dans les romans qui me parlaient de moi, un peu comme toi. Et maintenant, je veux davantage voyager à travers l'espace et le temps. Aller ailleurs. Je porte davantage attention à la plume aussi. Je vais lire le Alexie Morin (prix des libraires oblige), mais le Steinbeck reste un excellent souvenir de lecture. Et cette fin, cette fin!
Vive Steinbeck et à bas l'autofiction, ce n'est pas moi qui vais te contredire, tu penses bien !
Sans doute que le fait de vieillir nous pousse à aller à l'essentiel (et ce, dans toutes les sphères de notre vie). Pas de temps à perdre! Je pense aussi que nos goûts s'affinent. Reste que certains types de romans auront toujours notre adhésion et affection.
Tu ne réponds pas à la question! Mais je connais déjà la réponse, alors c'est ok!Steinbeck t'emportera loin, ma chère!Oui, un lundi, juste pour te faire parler. Même qu'il risque d'y avoir deux billets cette semaine!
J'ai justement pensé à toi en tournant la dernière page. Non mais… cette fin est juste incroyable. Un roman qui passe le cap de l'âge. Tu te doutes bien que je compte le relire un jour!
Tu es et resteras la lectrice la plus éclectique que je connaisse! Si tu es ouverte à une infinité de genres littéraires, certains ne gagneront jamais les rayons de ta bibliothèque. Avec le temps, on sait tellement ce dont on n'a pas ou plus envie…
Et c'est un excellent programme! Comme toi, je savoure de plus en plus le nature writing, mais surtout la non fiction. Et Steinbeck… alors là!
Encore sur la même longueur d'onde!
Ma pile de lectures d'ados m'attend pour relecture: Camus et Sartre, Salinger, Herman Hesse (oui, je lisais du lourd!). Comme toi, le style est devenu, avec le temps, quelque chose auquel je suis hypersensible. Je cherche une voix, pas juste des mots enfilés les uns à la suite des autres!Le roman d'Alexie Morin a, selon moi, de bonnes chances de remporter le prix des Libraires… À suivre!La fin du Steinbeck… Je n'en suis pas encore revenue!
En somme, les goûts s'affinent… Tu ne lisais pas de littérature étrangère il y a 20 ans. Tu lisais quoi, outre des biographies, des romans historiques et des polars ésotériques? De la littérature française? Et comment se fait-il que tu ne lises plus de je ne lis plus de littérature japonaise?Je crois que nous ne pourront jamais apprécier ces livres qui ne nous attirent pas. Désolée, Musso et compagnie!
Je ne suis pas prête de l'oublier, ce roman. Comme toi, plusieurs images me resteront en mémoire, dont la fin…
En même temps, si l'autofiction existe, c'est que ça se vend, et donc que ça intéresse. Mais je plussoie: il y a tant et tant à inventer…Nos affinités littéraires se collent à notre vie, forcément. Les histoires de couples m'ont déjà passionnée! Les romans qui abordent la maternité aussi. Ça change, ça évolue…
Maintenant, il me faut lire \ »À l'est d'Eden\ », tu t'en doutes bien. Et je compte bien relire un jour ces \ »Raisins de la colère\ ».
J'imagine qu'en tant qu'auteure, la façon dont les personnages sont construits devient fascinante. Dis-moi, trouves-tu que la façon d'écrire des \ »jeunes\ » est très différente de la tienne? Et si oui, en quoi, au juste?
Oui, une évolution et un affinement de nos goûts…Mon quotidien de vingtenaire était peuplé d'auteur(e)s français, de trentenaire de polars. Ça change…
Contrairement à plusieurs ici, je réponds à ta question : pas tant!J'ai relu certains coups de cœur de ma vingtaine qui m'ont autant touchée dans la quarantaine. En les relisant, je redécouvre ces oeuvres car j'ai le plus souvent oublié les histoires, mais mon ressenti est le même (par exemple avec La trilogie new-yorkaise de Paul Auster lue à 25 ans d'intervalle). J'ai adoré Ouvrir son cœur (à 50 ans!) et je l'aurais sans doute autant aimé à 25 ans. Les classiques et l'autofiction sont deux genres que j'affectionne. L'un n'empêche pas l'autre. Les ouvrages d'autofiction sont souvent dénigrés (la preuve dans les commentaires), alors qu'il y en a de très bons (par exemple la série Mon combat de Karl Ove Knausgaard qui n'a rien à envier aux auteurs de fiction). Je suis toutefois assez d'accord pour dire qu'il y en a du moins bon (comme dans tous les genres) et qu'il y en a beaucoup (trop?) du moins au Québec.
Comme toi, il y a plusieurs oeuvres qui m'avaient marquée dans la vingtaine. \ »La trilogie new-yorkaise\ » en fait partie. D'ailleurs, l'impact qu'a eu dans ma vie \ »L'invention de la solitude\ » est encore présent. Tu me donnes l'envie de relire le jeune Auster!Il y a des «genres», toutefois, dont je me suis lassée, comme l'autofiction. Reste que j'ai une grande curiosité pour celle de Karl Ove Knausgaard. Tu me fais réaliser que le hic vient peut-être de ce qu'il s'agit (encore), d'une autofiction féminine québécoise. Je crois que ma lassitude envers le «genre» vient de là.
Bon… j'ai essayé de lire les Raisons de la colère étant étudiante mais je n'ai pas du tout accroché! Mon mari a pourtant adoré et on a les mêmes goûts donc je retenterai bien un jour.Et pour moi aussi, mes goûts ont changé et c'est génial de pouvoir sortir des romans qu'on n'aurait jamais lu avant.. La maturité non? 😀
Oui, la maturité! En somme, si tout se passe bien, cette nouvelle lecture des \ »Raisins de la colère\ » devrait fonctionner!
Très belle chronique ! Mes goûts littéraires ont évolué avec le temps, bien certainement, mais j'avais déjà un penchant pour le roman social à l'adolescence (Steinbeck, Zola, Vian avec \ »J'irai cracher sur vos tombes\ »…). La lecture a toujours été pour moi une façon de s'ouvrir au monde et aux autres. Pour me connaître moi-même j'avais mes journaux intimes (je suis tombée dessus il n'y a pas longtemps oh my ! ) ! Je ne lis par contre presque plus de polars, alors que je les ai dévoré pendant plusieurs années ! Et j'ai envie de me remettre à la poésie, que j'ai délaissée face à la profusion de romans contemporains à ma portée !
Ah oui, déjà un penchant social à l'adolescence? Et ce penchant ne s'est jamais affaibli. Chapeau bas!Relire ses journaux intimes… J'aimerais tellement retrouver les miens. Peine perdue. Je les ai tous jetés.Et d'où vient cette envie de lire à nouveau de la poésie?
Très envie de lire le Steinbeck, j'ai vu récemment une expo de Dorothea Lange avec des photos du Dust Bowl et de l'exode…
La chance… Dorothea Lange! J'aimerais tellement voir «en vrai» ses photos. Je me contente de quelques beaux-livres!