Michel Hellman devait terminer Mile End 2. Il l’avait promis à son éditeur. Après avoir avidement dégusté Mile End, mon ancien quartier,je l’attendais, moi aussi, son Mile End 2! Mais l’inspiration lui a manqué. Histoire de changer le mal de place, Michel Hellman laisse femme et bébé derrière lui et monte à bord d’un avion à hélices d’Air Inuit. Direction le Nord-du-Québec: Kuujjuaq, Kangiqsujuaq, Kangirsuk, Puvirnituk. L’inspiration est au rendez-vous. Il met Nunavik en chantier. L’objet tient autant de la bande dessinée que du reportage et du carnet de voyage. Moi qui suis fascinée par le Grand Nord, j’en ai eu pour mon argent! Comme dans Mile End, le personnage principal à tête d’ours de Nunavik n’est autre que l’alter ego de l’auteur. Qu’on aime ou pas, c’est la marque de commerce de Michel Hellman, et c’est très bien ainsi. Comme dans Mile-end, le trait est simple, sans artifices, ponctué de détails savoureux (le pigeon voleur de suce, le chat enfermé dans la chambre du bébé).
Nunavik est fait de rencontres pittoresques, d’étonnement, d’émerveillement (de l’aurore boréale à la migration des caribous), de peur (les fameux ours), de frustration (le coût de la vie exorbitant) et de désolation aussi (les conséquences du réchauffement climatique). Le portrait d’une société si injustement mal aimée, de son mode de vie, est présenté dans toute sa grandeur et sa dureté. Le regard est empreint d’humanité, avec des pointes d’humour pince-sans-rire. Michel Hellman fait un pied de nez aux clichés et lieux communs véhiculés sur le Grand Nord. Il ponctue son récit de quelques données historiques pas piquées des vers. L’anecdote sur la chasse à la baleine m’a brisé le cœur – au point que je lui ai demandé, comme dédicace au Salon du livre de Québec, une baleine souriante! Michel Hellman aime le Nord et ceux qui l’habitent. Ça se sent. Et cet amour est contagieux…
Nunavik, Michel Hellman, Pow Pow, 2016, 156 p.
Ok je le veux !! tu les as chez toi ?? je le note, tout ce que j'aime !
Tu nous proposes aujourd'hui un voyage immobile. Pourquoi pas? Ici, dans le Sud de la France, il va commencer à faire très chaud, donc ça devrait bien nous dépayser!
J'aime beaucoup les carnets de voyage en BD. Je me laisserais volontiers embarquer par celui-là !
Il est captivant, pimenté de quelques moments cocasses et hilarants. Le portrait sociologique est juste et très actuel. Embarque sans hésiter!
Et pour se rafraîchir, il y a rien de mieux (à part un petit rosé, peut-être)!
\ »Nunavik\ » t'attend, dédicacé juste pour toi!