Pour cette nouvelle édition de notre défi littéraire, à Electra et moi, nous avons décidé de mettre à l’honneur les romans de formation. Une fois encore, la Nantaise ne m’a proposé que deux choix.
Je me suis rabattue sur le roman de William Maxwell. Étant plutôt ferrée côté littérature américaine, j’ai été étonnée de n’avoir jamais entendue parler de cet auteur, et encore moins de ce roman. Le pitch m’intéressait. J’ai foncé.
William, un homme âgé se souvient de son adolescence troublée, voire troublante, une cinquantaine d’années plus tôt. L’incident qui tourmente ses jours, après tant d’années: sa lâcheté d’avoir ignorer un ami dans le besoin.
La tragédie a eu lieu à Lincoln, un petit patelin rural de l’Illinois, au début des années 1920. La mère de William est morte. Depuis, son père s’est remarié avec une belle et douce jeune femme. William et Cletus, le p’tit voisin, deviennent de proches amis. Son papa fermier est très ami avec le fermier voisin, papa de Cletus. L’un des deux messieurs tombe amoureux de la femme de l’autre. La jalousie s’enflamme et la tragédie éclate.
Quelques années plus tard, arrivé à Chicago, William croisent Cletus dans le couloir de leur nouvelle école. Il l’ignore. C’est sur ce geste d’indifférence que le roman repose.
Plusieurs élèvent ce court roman à titre de chef-d’œuvre. Je ne partage pas l’avis de ces plusieurs. J’ai trouvé le roman trop pudique à mon goût, manquant d’audace. Les digressions et les apartés m’ont lassée. Trop de pathos pour moi. Heureusement, l’écriture est magnifique, les images percutantes. Un passage lu m’a rappelé un souvenir d’enfance: mon père me soufflant de la fumée de cigarette dans l’oreille pour faire passer une otite. C’était à la mode, à l’époque!
Le point de vue adopté m’a fait tiquer: le fait de faire une fixation sur le geste d’indifférence de William envers son ami. J’ai eu envie de regarder le monsieur dans le blanc des yeux et de lui dire: « Tu as perdu ta mère, ton père a été assassiné par le père de ton meilleur ami, et toi, tu fais une fixation sur le fait que tu as snober ton ancien ami?! Reviens-en. Décroche. Va consulter un psy. »
Le roman est court. L’Illinois rural des années 1920 est magnifiquement bien rendu. Ne serait-ce que pour le long passage avec le chien de ferme abandonné, le roman valait le détour. On sent bien comment les traumatismes de l’enfance façonnent les adultes. Pour le reste…
Au revoir, à demain, William Maxwell, trad. Françoise Cartano, 10-18, 1982, 158 p.
© unsplash | Taylor Flowe
je ne me souvenais plus des propositions que j’avais faites, mais intéressant ton billet ! bon si un passage valait bien le détour, alors tant mieux 🙂 mais je suis curieuse si certains l’élèvent au titre de chef d’oeuvre. J’ai aussi publié mon billet de mon côté, très différent du tien 😉
Plusieurs, même, l’élèvent au titre de chef d’oeuvre. J’aimerais bien comprendre pourquoi… Je peux maintenant dire que je l’ai lu! Un autre roman m’intrigue, plus autobiographie, consacré à la grippe espagnole. Mais je ne pense pas remettre ça!
Mmouais, pas convaincue … Tu m’as sourire avec le personnage qui fait une fixette sur un détail, c’est le genre de truc qui peut me faire passer à côté d’un bouquin, lorsque la petite voix intérieure de la lectrice se cabre et ne suit plus la logique que l’ auteur voudrait lui faire prendre.
C’est exactement ça: je me suis cabrée, et plus que moins! C’est fou comment un petit détail peut venir teinter l’ensemble d’une lecture. Comme une petite écharde dans le doigt!
T’aurais peut-être dû lire celui de Crummey avant! 😉 (Je blague)
Sûrement, oui!
Sirop je ne suis pas Anonyme. (C’est Suzanne de Balades…)
Juste avec ton «Sirop», je t’aurais reconnue entre mille .