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Défi · Classique incontournable

De retour pour notre défi littéraire, à Electra et à moi. Pour notre troisième défi, c’est au tour d’un classique incontournable d’être mis sur la table. Parmi les quatre choix (elle a été généreuse, cette fois-ci) proposés par Electra, j’ai choisi Outsiders de S. E. Hinton. Le roman est venu à moi. Par un heureux hasard, j’ai trouvé un exemplaire fripé dans une boîte à livres près de chez moi, quelques jours après la divulgation des titres proposés.

Lorsque Outsiders a été publié en 1967, la littérature pour adolescents était inexistante. Écrit pour les adolescents par une adolescente de seize ans, Susan Eloise Hinton était loin de se douter que son roman serait, au fil des ans, vendu à des millions d’exemplaires et qu’il ouvrirait la porte à la littérature YA. C’est maintenant au tour d’une madame québécoise de 50 ans de s’y coller. Si je m’étais douté que ce roman était d’une telle richesse, il y a belle lurette que je l’aurais lu.

Ça se passe dans une petite ville poussiéreuse de l’Oklahoma, dans les années 1960. Et c’est à travers les yeux de Ponyboy Curtis, quatorze ans, que les aléas d’une gang de p’tits bums écorchés par la vie nous sont racontés. Ponyboy vit avec ses deux frères depuis que ses parents sont morts dans un accident de voiture. Ses amis, les Greasers, cheveux gominés et blousons de cuir, sont sa famille. Face à eux, les Socs, une bande d’enfants gâtés, émergent comme des ombres insaisissables, témoignant de la fracture sociale qui divise la ville. D’un côté les riches, de l’autre, les pauvres. La tension est palpable entre les Greasers et les Socs. Les destins se croisent, les mots sont crachés à la figure et les couteaux volent bas.

Ponyboy est un ado sensible et brillant. Contrairement aux autres, ce qui l’intéresse, c’est le cinéma et la littérature (il dévore Autant en emporte le vent). Ponyboy se débat pour éviter la prison et rester en vie. Il fait son possible pour grandir dans un monde sans parents. Au fil des événements de plus en plus dramatiques, Ponyboy devient un homme. Il découvre le visage à la fois terrifiant et éblouissant de la vie.

Un roman a-t-il besoin d’être un chef d’œuvre stylistique ou d’exploser d’originalité pour se révéler formidable? Eh ben non. Souvent, une histoire simple, bien ficelée, portée par des valeurs universelles (fraternité, loyauté, amour, amitié, bienveillance) et des personnages forts, parvient à traverser le temps. Hinton creuse sous la surface, révélant des sentiments et des désirs partagés par tous, tant par les bons que par les méchants. J’ai été happé par cette histoire, prise dans ses filets et attristé de devoir quitter cette gang de garçons attachants. J’aurais aimé rester auprès d’eux et les regarder vieillir.

Vous, les greasers, vous avez des valeurs différentes. Vous êtes plus émotifs. Nous sommes plus sophistiquées – nous gardons la tête froide au point de ne plus rien sentir. Pour nous rien n’est sincère. Par exemple, je me surprends parfois en train de parler à une copine, et je me rends compte tout à coup que je ne pense pas la moitié de ce que je lui dis. Je ne trouve pas qu’une soûlerie sur la rivière soit le pied, mais j’en ferais tout un plat pour la copine, simplement pour dire quelque chose.

Outsiders, S. E. Hinton, trad. Marie-Josée Lamorlette, Livre de poche, 1984 [1967 édition originale], 224 p.

Rating: 4 out of 5.

10 comments

  1. Lu il y a quelques années, un peu par hasard (je crois que je voulais passer par l’Oklahoma pour mon défi « 50 romans, 50 états ») il m’a beaucoup plu.

    1. N’est-ce pas? Tu me fais justement penser d’ajouter ce titre pour mon défi 50 États en 50 romans. Surtout que les titres avec l’Oklahoma ne sont pas légion…

  2. Oh, tu touches une corde sensible avec ce roman ! J’ai découvert l’autrice en voyant le film de Coppola, je devais avoir 16 ans. Mais à l’époque, impossible de trouver ses livres en Belgique (on était encore bien loin des achats en ligne). A 18 ans, j’ai passé un mois en Californie pour apprendre l’anglais et ses livres étaient sur ma liste. J’en ai ramené une série, mais depuis j’ai perdu Outsiders malheureusement (je pense l’avoir prêté à mon ex qui l’a embarqué en déménageant). Je me suis dit que je devais le racheter mais je ne l’ai toujours pas fait.
    Il y a quelques années, j’ai revu le film, un peu avec appréhension. Est-ce que j’allais toujours l’aimer autant ? et bien oui ! Il faudrait que je relise le roman, ou un des autres.

    1. Ton commentaire me touche… J’adore ces anecdotes autour d’un livre ou film, qui permettent d’en apprendre plus sur la lectrice. Le livre est supérieur au film, tu t’en doutes bien. J’ai vu le film de Coppola le jour même où j’ai terminé le roman. On s’en le film d’époque, mais l’histoire traverse le temps. Et quel plaisir de découvrir Tom Cruise, Patrick Swayze et autres à leur début! Bref, un pur ravissement sur toute la ligne. Je te souhaite de remettre la main sur le roman. Maintenant que les achats en ligne existent, ça ne devrait plus trop poser de problème. Et ces ex qui embarquent les livres en partant, c’est rageant!

      1. Si je me souviens bien, j’avais préféré le film au livre à l’époque (sans doute à cause des acteurs, Matt Dillon, Rob Lowe…).
        Et j’avais décidé que si j’avais des enfants, une fille se prénommerait Eloise (sans H, donc). Je n’ai pas eu d’enfants mais j’aime toujours le prénom, que ce soit avec ou sans H.

  3. oui ! je l’ai dans ma bibli, je l’avais découvert d’abord en film (vu et revu) mais là ça fait un bout ! je me suis dit, tiens je vais lui faire lire et je le lirai après dans la foulée ! mais oui, tu as raison ce film mettait en avant de grands acteurs encore tout jeunes !
    ça marche notre challenge, on a envie de lire le roman que l’autre a lu 😉

    1. Oui, ça marche à fond! J’ai passé un excellent moment en compagnie des ces garçons. Expérience roman et film, ici, c’était vraiment top. Et maintenant, j’ai plus que jamais envie de lire La route au tabac… Bien joué dans ton choix!

    1. Et dire qu’au départ, je pensais qu’il s’agissait d’un homme. La richesse de ce roman, j’te dis pas!
      Dommage, il n’y a pas d’autres romans traduits en français. C’est le seul et il est d’autant plus précieux!

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