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Le coeur sauvage · Robin Macarthur

Une nouvelle venue originaire du Vermont: Robin Macarthur. Le cœur sauvage renferme onze nouvelles fortes, percutantes de par leur simplicité. Le décor est sublime: les régions sauvages avec ses imposantes forêts, ses rivières et ses champs à perte de vue. Il y a ceux qui y vivent, comme ce vieux couple d’amoureux (Les tourtereaux), comme cette mère cabossée et sa fille qui jasent sur la galerie avant d’aller faire une saucette dans l’eau au clair de lune (Silver Creek), comme cet homme qui trahit son meilleur ami pour fuir sa solitude (Maggie dans les arbres). Il y a ces ados qui rêvent de partir, qui refont le monde assises dans une Karmann Ghia abandonnée (Karmann). Il y a celle qui est forcée de rentrer au bercail pour s’occuper de sa mère atteinte d’un cancer (Les femmes d’où je viens). Il y a celui qui revient dans la maison de son enfance pour exorciser les souvenirs d’un frère mort et d’un père suicidé (Là où les prés tentent d’exister). Il y a celle qui attend le retour se son fils parti en Afghanistan (La longue route vers la joie). Il y a celle qui s’inquiète pour son petit-fils (Le pays de Dieu).

La solitude, l’attente et le manque, la nostalgie, les regrets: autant de thèmes disséqués au scalpel par la plume acérée de Robin Macarthur. Elle démontre une tendresse infinie pour ses personnages. Elle évite le piège du mélodrame pour se concentrer sur la réalité sans fard ni dentelle. Les femmes ne s’apitoient jamais sur leur sort, ne baissent jamais les bras. Elles sont fortes, malgré leurs nombreuses cicatrices.

Pour gagner sa vie, elle a fait des ménages, servi dans des restaurants, coupé des arbres, entretenu des jardins, planté des clous, toiletté des chiens, posé de la laine de roche, abattu du bétail. Ça l’a laissée toute de travers, ridée, couverte de callosités, voûtée. Mais c’est une tigresse. Sur la cuisse gauche, elle s’est fait tatouer un cougar qui me rappelle, chaque fois que je le vois, la guerrière assoiffée d’amour qu’elle est intérieurement.

Émouvant et transcendant. Le recueil tout désigné pour apprivoiser (et apprécier) le genre.

Le cœur sauvage, Robin Macarthur, trad. France Camus-Pichon, Albin Michel, 2017, 220 p.

Rating: 4 out of 5.

© unsplash | Noah Silliman

26 comments

  1. Et si à cause de toi je me mettais à lire des nouvelles ? On aura tout vu ! Mais c'est vrai que j'avais déjà très envie de lire Le cœur sauvage et maintenant encore plus. Je crois que je vais tenter l'aventure…

  2. J'adore les nouvelles! Et surtout les anthologies qui sont un plaisir garanti car je peux toujours sauter au prochain auteur.

  3. J'aime énormément les nouvelles. C'est dur d'écrire des nouvelles et je trouve que ceux qui y réussissent sont d'excellents écrivains. De bonnes nouvelles sont souvent les lectures les plus marquantes. C'est tellement dommage que ce soit autant boudé! Il se cache des pépites dans les nouvelles. Les deux premiers livres de ta chronique sont déjà dans ma liste à lire. Le troisième ne m'attire pas. J'ai très peu d'affinités pour l'Amérique du Sud. Ça ne me parle pas… Mais bon, 2 sur 3 c'est pas mal 😉

  4. Je ne suis pas très nouvelles de mon côté mais je me souviens que Mr K avait particulièrement aimé \ »Le Cœur sauvage\ ». Il faudrait que je me penche dessus à l'occasion. D'autant plus qu'on l'a dans notre bibliothèque donc pas d'excuses !

  5. On en reparlera lorsque tu auras un premier recueil derrière la cravate! \ »Le coeur sauvage\ » est un excellent choix pour se mettre en bouche!

  6. Ah! Heureuse d'avoir une nouvelle adoratrice de nouvelles par chez moi! C'est vrai que les anthologies, c'est génial, surtout lorsqu'un thème ou une nationalités les rassemble.

  7. Excellent ! J'ai lu rapidement ta deuxième chronique car je dois encore le lire. J'ai adoré Le Coeur Sauvage et l'auteure est si gentille et pour l'Argentine, j'adore ton billet – c'est amusant car je n'ai pas eu peur en le lisant mais maintenant en te lisant, je me dis qu'elles sont vraiment effrayantes – oui Adela aussi m'a fortement marquée ! et le gamin enchainé .. Je pense à notre projet, mais je cours (ce week-end, je bosse dessus non stop)

  8. ah les nouvelles, comme tu dis genre mal-aimé, boudé. C'est marrant, j'avais failli acheter le Russel Banks dont tu parles et je l'avais reposé quand j'avais compris qu'il s'agissait de nouvelles. Peut-être bien que je vais le lire finalement 🙂

  9. Magnifique \ »Cœur sauvage\ », je suis d'accord avec toi c'est le recueil parfait pour convaincre un lecteur n'appréciant pas spécialement les nouvelles.

  10. J'ai adoré \ »Le coeur sauvage\ » !! et repéré \ »Le jardin du mendiant\ » ! J'aime bien les nouvelles de temps en temps, il me manque parfois, pour certaines d'entre elles…le fait qu'elles ne soient pas des romans !

  11. Tu sais bien que je suis du clan des réticents aux nouvelles ! ( Sauf celle de J.C Oates!) Mais \ »Coeur sauvage\ »…:voilà quoi ! Je regarderai s'il est à la bibliothèque !

  12. 2 sur 3, c'est excellent.J'imagine que pour avoir la piqure, il faut faire une découverte forte, marquante. Après quoi, on découvre toute la richesse et la profondeur contenues en si peu de mots et on devient accro.

  13. Aucune excuse. Tu devrais suivre davantage les bonnes recommandations de Mr K!!!Ce recueil est, quant à moi, un excellent moyen pour découvrir toute la richesse du genre.

  14. Tant mieux! Le recueil de Robin Macarthur est génial pour apprivoiser le genre ou continuer de s'en délecter. Elle le maîtrise à merveille.

  15. D'autant plus qu'il est paru en poche! Le recueil de Banks donne un excellent aperçu du genre: une variété de tons dans un univers homogène, avec une belle diversité de personnages. J'te vois bien le lire, celui-là!

  16. C'est vrai qu'il arrive qu'on reste sur notre faim. Quand on s'attache à un univers et à ses personnages et qu'au bout de 25 pages, c'est terminé: ça fait mal!

  17. Je sais… Electra et moi on travaille là-dessus pour faire plus de converti(e)s, dont toi!Pour ce qui est du \ »Coeur sauvage\ », regarde à la bibli. Tu ne peux pas le regretter, j't'en passe un papier!

  18. Il y a eu une période où je lisais énormément de nouvelles! Surtout des belges. ça fait longtemps que j'ai lu ce format. Je retiens \ »Le coeur sauvage\ »!

  19. S'il n'y en a qu'un à retenir parmi les trois, je dirais que tu fais le bon choix!J'ai été une grande lectrice de nouvelles, il y a une vingtaine d'années, principalement des classiques (Poe, Maupassant, Tchekhov et cie). J'avais délaissé le genre et j'y suis revenue avec emballement, grâce aux nouvellistes américains. En fin de compte, ça m'avait manquée!

  20. En vue du challenge des nouvelles en mai, je suis revenue sur cet article et je n'ai toujours pas lu \ »Le coeur sauvage\ ». Mon dernier recueil de nouvelles, c'est Variations endogènes de Karoline Georges, ex-ce-llent! Il m'avais été conseillé par Billy Robinson, un fan de l'auteure.

  21. Fallait bien que tu viennes me tenter, toi! J'ai ajouté «Variations endogènes» aux recueils que je veux lire. D'autant plus que, honte à moi, il n'y avait aucun recueil québécois dans mon lot. Merci!

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