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Rafael, derniers jours · Gregory Mcdonald

Rafael a la vingtaine. Il est alcoolique et analphabète. Il vit avec femme et enfants entassés dans une caravane sans eau ni électricité entre l’autoroute et la décharge publique. Il sait qu’il n’a aucune chance de quitter ce cul-de-sac. Jusqu’au jour où il rencontre un producteur de film. Une mauvaise rencontre. En échange de  30 000 dollars, Rafael accepte de tourner dans un snuff movie. Les snuff movies, vous connaissez? Ces films mettant en scène la torture et le meurtre d’une ou de plusieurs personnes. En acceptant de se faire torturer pendant une heure, Rafael pense assurer à sa femme et ses trois enfants une existence à la mesure de l’amour qu’il leur porte, persuadé que son sacrifice est la seule chance pour sa famille de s’en sortir. Il lui reste trois jours à vivre…

Je m’incline devant le talent de Gregory Mcdonald, son style riche et sobre, son écriture empreinte d’une grande sensibilité, de compassion. Contrairement à d’autres (je pense notamment à Chuck Palahniuk), ce qui intéresse Gregory Mcdonald, ce n’est pas de tartiner des pages d’atrocités pour le simple plaisir de choquer. Ce qui l’intéresse, c’est plutôt de dépeindre sans pathos ces indigents, ces laissés-pour-compte de la société dont le désespoir n’a d’égal que leur amour de la vie et de leur famille. Rafael, les derniers jours est un roman d’une noirceur indicible, qui fait hurler de rage. Non à cause de l’horreur qu’il expose, mais à cause de l’inhumanité et de la misère humaine qu’il met en scène. Une lecture coup de poing qui fait très mal. Pour les natures sensibles, l’auteur précise en introduction qu’il est possible de sauter le chapitre trois, dans lequel sont décrits les sévices que subira Rafael, sans que cela nuise à la compréhension du roman. Rafael ne symbolise pas la déchéance de notre époque. Ceux qui incarnent cette déchéance sont ceux qui acceptent que des gens en soient réduits à monnayer leur vie en échange d’un avenir pour leur famille.Et il y a ceux qui ferment les yeux.

Rafael, les derniers jours, Gregory Mcdonald, 10-18, 2009, 192 p.

Rating: 4 out of 5.

© unsplash | Philipp Diebold

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