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De toutes les nuits, les amants · Mieko Kawakami

Après la lecture de Seins et Oeufs, j’ai voulu remettre la table avec De toutes les nuits, les amants.

Fuyuko a trente-quatre ans. Elle travaille comme correctrice dans une maison d’édition. Par un petit concours de circonstances, elle devient pigiste, travaillant à partir de son appartement de Tokyo. Fuyuko vit seule. Fuyuko est seule. Elle n’a pas d’amis. Sa famille, si famille il y a, est passée sous silence. Bourreau de travail, plus par désœuvrement que par passion, elle consacre ses journées à débusquer les coquilles, à corriger les erreurs.

Elle tisse des liens avec Hijiri, son interlocutrice professionnelle. L’exubérante Hijiri devient la seule personne à qui elle parle. Là où Hijiri est extravertie et émancipée, Fuyuko est timide, réservée et introvertie. Fuyuko se laisse porter par la vie. Elle rencontre Mitsutsuka, un professeur de physique. L’alcool vient atténuer son anxiété sociale. Il ne la décoince pas, la désinhibe juste assez pour l’amener à sortir de ses sentiers battus. Fuyuko touche le fond. Elle se demande s’il vaut la peine de remonter à la surface. Une amitié et une histoire d’amour platonique lui révèlent une vie autre, plus ouverte sur ce qui l’entoure. La porte est maintenant entrouverte. Reste à savoir si elle s’ouvrira davantage ou si elle se refermera…

J’ai adoré le portrait atypique de cette jeune femme solitaire tentant de se reconnecter avec le monde extérieur. L’intrigue traîne souvent de la patte sans que cela en devienne ennuyant, pesant. Je me suis laissée bercer par ces mots, curieuse de faire un bout de chemin aux côtés de ces personnages. Comme pour Seins et Œufs, je ne saurais déterrer les raisons pour lesquelles j’ai à ce point apprécier ce roman. C’est un peu comme fréquenter quelqu’un avec qui aucune affinité ne surgit, mais auprès duquel on se sent bien, tout simplement.

Je suis seule, j’ai pensé. J’avais toujours été seule, si longtemps, je pensais qu’il n’était pas possible de l’être plus, et pourtant, là, j’étais vraiment seule. Avec tout ce monde autour, avec tous ces endroits partout, cette infinité de bruits et de couleurs compactés, et pas un seul vers lequel je puisse tendre la main. Aucun ni personne pour m’appeler. Ni dans le passé ni dans l’avenir, cela n’existait pas pour moi.

De toutes les nuits, les amants, Mieko Kawakami, trad. Patrick Honnoré, Actes Sud, Babel, 2020, 290 p.

Rating: 3 out of 5.

© unsplash | Raphael Lopes

6 comments

  1. Je te lis en transversale car je prévois de le lire très prochainement, mais voir que tu as aimé me confirme que cette autrice est vraiment à part ! J’ai lu son premier roman et je te rejoins (billet à venir)

    1. J’accroche vraiment beaucoup. C’est inexplicable! L’atmosphère qu’elle instaure me rejoint, et ses personnages si atypiques… J’adore!
      Hâte de te lire sur ce premier roman.

  2. Entre toi et Electra, je ne cesse d’ajouter des romans des Kawakami à ma PAL, autant Hiromi que Mieko, dont j’ai déjà lu plusieurs livres (des deux donc).
    Le thème de celui-ci, l’introversion et la solitude, me touche d’assez près.

    1. De mon côté, je compte poursuivre ma découverte des romans des deux Kawakami.
      L’introversion et la solitude sont explorées d’une manière si originale. L’ensemble m’a beaucoup plu. Je te le recommande vivement.

  3. Lu il y a une dizaine d’années juste au bon moment. J’ai braillé ma vie! Un de mes gros coup de cœur japonais. Cinq étoiles dans mon palmarès.

    1. Wow! Rien de moins. Quand un livre arrive au bon moment…
      Je viens de commander Heaven. Je poursuis ma découverte de cette auteure avec un bel enthousiasme.

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