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La mémoire est une chienne indocile · Elliot Perlman

Il est des vies tellement éloignées de la nôtre que jamais on n’aurait imaginé les croiser, des liens dont on n’aurait jamais pensé qu’on les tisserait. Et puis, un jour, on croise ces vies, on tisse ces liens, l’histoire se transmet qu’on ne peut plus oublier et l’on en est transformé à jamais… Récemment libéré de prison, Lamont Wiiliams entame une période probatoire au service d’entretien du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center à New York. Le succès de cette réinsertion est crucial pour lui: c’est son unique espoir de retrouver un jour sa petite fille, dont sa malchance récurrente avec la justice lui a fait perdre la trace. Quelques kilomètres plus loin, uptown, Adam Zignelik, professeur d’histoire à Columbia, subit simultanément l’effondrement de sa carrière (il est sur le point d’être renvoyé de l’Université) et de son couple (Diana, l’amour de sa vie, le quitte). Alors qu’il est en pleine dépression, il découvre, oubliés dans la poussière d’un sous-sol depuis des décennies, des enregistrements inconnus, d’une portée historique considérable: les tout premiers témoignages sonores de survivants de l’Holocauste; ces voix que le monde entier doit entendre pourraient à la fois sauver sa carrière et son couple… Pendant ce temps, à l’hôpital, Lamont noue une improbable amitié avec un vieux patient juif polonais, lui-même rescapé des camps…

Quel roman! Je suis sans mots, sous le choc, encore étourdie, je laisse la quatrième de couverture faire son travail de tentatrice. Que peuvent avoir en commun un jeune Afro-Américain tout juste sorti de prison et un intellectuel juif en pleine crise existentielle? Épique et intime, incroyablement émouvante, une peinture magistrale du pouvoir de la mémoire sur nos vies. Entremêlée au destin personnel de Lamont et d’Adam et de la myriade de personnages qui les entoure dans le New York d’aujourd’hui, c’est l’histoire du vingtième siècle, de la Shoah au Mouvement pour les droits civiques, du fin fond des ghettos d’Europe de l’Est à ceux du Bronx, qu’Elliot Perlman interroge avec autant d’humanité que d’acuité et dans une

La mémoire est une chienne indocile, Elliot Perlman, trad. Johan Frederik Hel-Guedj, Robert Laffont, 2013, 592 p.

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